26 Fév 2016 14 Comments
Le temps c’est de l’argent !
Vientiane – Laos, 26 février 2016
Notre arrivée au Laos commence bien sûr par le passage de la frontière depuis le Cambodge. Nous passons par les postes de Tra Preng Kriene (Cambodge) / Nong Nok Khiene (Laos). C’est ici que nous obtiendrons notre « Visa On Arrival » pour le Laos.
Premiers contacts un peu rugueux…
Les douaniers des 2 côtés ont pris l’habitude de racketter les touristes en ajoutant des « frais administratifs » ou « frais de tampon ». A cela s’ajoute les stands « sanitaires » qui proposent/imposent des contrôles de température pour quelques dollars et dans une totale ambiguïté entre le facultatif et l’obligatoire…
Nous avions révisé nos classiques avant d’arriver et étions bien décidés à ne pas « entretenir » le système. Nous avons donc zappé sans hésitation les fameux « stands sanitaires » pour aller directement aux postes de douanes. Voilà déjà une dizaine de dollars sauvée !
A la sortie du Cambodge, l’officier de service attrape nos passeports et nous demande avec le sourire 2$ par passeport pour le tampon de sortie. Un « No sir, it’s not necessary to pay for that » ferme et poli (et avec mon plus bel accent of course) suffira à obtenir les tampons. Mais sans sourire: Les passeports me seront quasiment littéralement jetés à la figure…
A l’entrée du Laos, au bureau des visas une affichette annonce la couleur « VISA : 30$ + 1$ administrative fee ». Nous remplissons sagement les formulaires et tendons passeports, documents et les 5 x 30 $ réglementaires pour les visas.
« I need 5 more dollars for fees »
« Sorry sir, Visa is just 30 dollars, I’m not allowed to pay more »
« You don’t pay , no visa »
…
Je vous passe la suite du dialogue un peu répétitif, mais la formule « je ne suis pas autorisé à vous payer plus » qui marque notre refus mais l’adoucit un peu (c’est pas que je ne veux pas, c’est que je ne peux pas) + une bonne dose de patience, de parfaite politesse et de sourire, nous fera passer cette première étape. En effet, après avoir ostensiblement abandonné nos passeports sur le rebord de son comptoir, le douanier quitte son bureau sans même y toucher. De même, je laisse nos passeports à leurs places et nous nous installons avec les enfants pour une session d’apprentissage (nous aussi nous avons le temps). Au bout de 10 – 15 minutes, du coin de l’oeil, je vois nos passeports disparaître du comptoir. L’agent de service s’occupe visiblement de notre cas devant son ordinateur.
Une demi-heure plus tard, 2ème guichet, je suis appelé. Nos visas sont prêts. Bonne nouvelle. Le douanier chef m’informe qu’il ne reste plus qu’à mettre le tampon d’entrée au Laos. C’est 2 $ par passeport, mais gratuit pour les enfants. Donc 4 $ et l’affaire est réglée. Je l’informe de mon « impossibilité » de payer, et du fait que pour les adultes c’est gratuit aussi normalement. Pas de dollars, pas de tampon, le douanier garde nos passeports dans ses mains. Je lui indique que je « ne peux pas » payer et que je vais donc attendre sagement avec ma famille que l’on nous rende les passeports dûment tamponnés. Une demi-heure passe encore, aucun signe de vie, statu quo. Je retourne au guichet : douanier inflexible. Je l’informe que je ne peux pas attendre trop car, voyageant en vélo avec les enfants, il me faut encore du « temps de soleil » pour atteindre la prochaine ville en toute sécurité.
« You want passeport now, you pay. If you don’t pay, I give you passeport at 6 o’clock (comprendre quand le soleil se couche) » Notre douanier a senti que je ne maitrisais plus le temps, il s’engouffre dans la brèche…
« Ok sir, If you don’t give me my passeports in less than 15 minutes, it will be to late for my family to ride safely on the road. So we will be obliged to pitch our tent for the night on the grass here (en face du poste de douane). Is it ok for you ? Can we pitch the tent here ? «
« … »
10 minutes plus tard nos passeports avec visas et tampons nous sont rendus, sans sourire mais poliment. Nous avons gagné la partie. Nous avions du temps et de la détermination. Satisfaction personnelle de s’opposer à ce système pourri.
Mais pour un touriste « retord » combien de touristes payent … ? En deux heures au poste frontière, tous les touristes que nous avons vu passer ont :
- payé sans chercher à comprendre
- payé en comprenant et en s’en fichant
- payé après avoir vainement chercher à ne pas payer sans réussir faute de temps disponible…
Allez, vous le savez déjà, nous n’aimons pas les frontières !
Vite allons découvrir le vrai Laos, celui des sourires, de la douce nonchalance et du million d’éléphants.
Affaire à suivre…
28 Fév 2016 22 Comments
Une arrivée sur les jantes !
Vientiane, le 28 février 2016
Le Laos marque un tournant dans notre périple. Après 6 mois de voyage nous sommes maintenant sur la « pente » du retour. C’est aussi pour nous l’apprentissage d’un mix entre vadrouille à vélo et trajets de bus pour gérer les immenses espaces qui nous attendent dans les prochains pays au programme.
Nous sommes donc arrivés au Laos par son extrémité Sud (cf. article : « le temps c’est de l’argent! »). L’occasion de visiter la zone dite « des 4000 îles », sorte de delta intérieur formé par le Mékong à cet endroit.
Le Mékong des « 4000 îles »
La beauté des lieux, le besoin de souffler un peu, après 8 jours de route bien fatiguants, et surtout la rencontre avec une autre famille française de globetrotters (vous pouvez visiter leur blog ici ) feront de cette pause un moment magique!
Inès, Joseph et Albane ont passé leurs journées à faire des cabanes en bambou sur le bord du Mékong avec Joséphine, Céleste et Robinson.
Robinson, Joseph, Albane, Céleste, Joséphine et Inès
De notre côté nous avons partagé nos expériences avec Frédérique et Julien en sifflant quelques bières et smoothies fruités dans des paillotes surplombant le fleuve.
La belle vie !
Nous sommes à 850 km de Vientiane, la capitale du pays, où nous devons impérativement passer pour essayer d’obtenir nos visas pour la Chine. Nous souhaitons aussi visiter le haut-plateau des Bolovens en cours de route et une partie du Nord du Laos après Vientiane. Nous prenons donc la décision de zapper quelques portions du monotone bitume de la « route 13 » pour prendre le temps de vadrouiller où nous le voulons. Expérience mitigée comme vous le constaterez ci-après!
Notre premier lift en bus local se fera au pied levé (ou plutôt en agitant la main de haut en bas, comme on le fait ici) sur le bord de la route à 80 km au sud de Paksé. Puis nous embarquerons dans un gros tuk-tuk pour atteindre le plateau des Bolovens.
Un petit lift en tuk-tuk
Nous voilà partis pour 4-5 jours de balade à vélo dans des paysages superbes avec des cascades majestueuses et des plantations de café très intéressantes à découvrir.
Sur le plateau des Bolovens
Les chutes de Tad Yuan
Les chutes de Tad Lo
A la découverte du caféier
Nous aurons même l’occasion de dormir dans une hutte en bois à côté d’une chute d’eau au cœur d’un bout de jungle. Magique!
Dans notre cabane
Le plateau n’est pas si plat que cela et les côtes sont bien rudes à gravir par 38°C. Toutefois nous ne regrettons pas d’avoir troqué des km de bitume plat contre ces magnifiques journées !
De retour à Paksé après cette belle boucle, nous prenons un bus pour Savanakhet, où nous pourrons retrouver une petite route qui longe vraiment le Mékong. Le bus était sur le point de partir et nous avons à peine eu le temps de glisser nos vélos dans les grandes soutes, que le bus roulait déjà. 7 heures de trajet pour un peu plus de 200 km. A 21h, le chauffeur nous dépose à 30 km de la destination, parce que son bus ne va pas vraiment à Savanakhet en fait … S’en suit une sympathique discussion tout en sourire (c’est la règle ici ) dans laquelle notre « ami » finira par louer à ses frais un petit camion plateau pour nous déposer dans la ville convenue!
Au bord du fleuve, la route est moins goudronnée, donc un peu plus physique mais vraiment sympathique.
Quand il y a trop de fech-fech dans les creux, il faut pousser son vélo !
C’est la période des grandes fêtes bouddhiques en ce moment. D’immense fêtes « foraines » avec des murs d’enceintes hallucinants font trembler les rives du fleuve (et la toile de notre tente) jusque tard dans la nuit.
Bivouac chez l’habitant au bord du Mékong
Le lendemain, après une quarantaine de km parcourus avec le vent de face, nous remarquons qu’il manque l’habituel sac rouge sur le vélo de Joseph… Et M… il a dû glisser du vélo en cours de route. Antoine fera un bon bout de route en sens inverse par acquis de conscience et sans succès. Bilan des pertes : un sac étanche, un duvet et un matelas (par bonheur celui qui avait un défaut d’étanchéité et pour lequel on attend son remplaçant à la Poste Restante de Vientiane).
Encore quelques belles journées de route et nous voilà en approche de Vientiane. Nous décidons de prendre à nouveau un bus à Paksang pour « gagner » les 150 derniers km et nous donner le temps de l’obtention du visa chinois (5 jours) à Vientiane.
Mais voilà, en arrivant à la gare routière de la capitale, surprise: nos vélos ont disparu !
Non, c’est une blague 😜! Nous avons « juste » les 2 pneus avants des grands vélos complétement cisaillés sur leurs flancs 😖…2 pneus d’un coup, on n’y serait pas arrivé tout seul! En fait, c’est le frottement sur une barre en métal de la galerie du bus qui les a sciés !
Grrr !
Nous sommes dégoûtés, car nous avons bien 1 pneu de rechange au cas où, mais pas 2 … Nous voilà contraints à prendre un tuk-tuk pour rejoindre le centre ville.
Loi de Murphy oblige, la guesthouse identifiée n’est pas du tout comme prévue, plus chère qu’attendue, la seule chambre disponible au 4ème sans ascenseur… et nous sommes incapables d’en changer car incapables de nous déplacer avec tout notre barda et nos vélos en carafe… Argh! 6000 km à vélo sans une vraie crevaison et il suffit de 150 km de bus pour exploser nos pneus ! Quelle frustration pour nous et notre habitude d’autonomie ! Pas de chance cette fois!
Allez au dodo, demain est un autre jour.
Le lendemain commence par la paperasserie nécessaire pour l’obtention du visa chinois. Je vous passe les détails mais c’est sportif et fastidieux… Deux allers-retours au consulat à 5km du centre-ville (avec le petit vélo d’Inès) seront nécessaires pour produire toutes les pièces, y compris de vrais-faux billets de bus en lieu et place des billets d’avion, que nous ne pouvons évidemment pas produire. Alea jacta est: résultat des courses dans 5 jours !
Après avoir fait le deuil de nos supers pneus, nous équipons nos vélos avec un pneu made in « bad quality »… Il faut juste que cela tienne jusqu’au Vietnam, où nous nous faisons livrer les remplaçants (au passage un immense merci à Rando boutique pour leur réactivité et leur efficacité).
Nous pouvons enfin changer de logement et profiter de 5 jours de repos et de préparation pour la suite de notre périple…
Aurons-nous notre visa pour la Chine ? Qu’allons-nous faire à Vientiane pendant 5 jours ?
Affaire à suivre …
by leschamavelo in --> des parents, 14 - au Laos, le périple 2015-16, tous les articles