Sacrés coups dans le Salar d’Uyuni ! (Par Inès)

Uyuni, Bolivie, le 18 juillet 2018

Un sacré coup dans les jambes !

Le premier jour nous ne savions pas vraiment quelle direction prendre à partir de Salinas de Garci Mendosa. Nous quittions notre hôtel pour prendre une piste sableuse quand nous sommes tombés sur un embranchement… Que faire ? Soit prendre la piste de gauche qui amène rapidement dans une partie peu empruntée du salar, où il peut y avoir de forts vents de face et qui fait environ 55km, soit prendre celle de droite, qui est la piste principale, fait environ 35km mais avec une jolie côte en passant sur les flancs du volcan Tunupa ! Joseph et moi, nous avions très envie d’aller dans le salar, parce que le sol pouvait être bien dur et parce que nous avions hâte de rouler sur du sel dans ce lieu mythique. Alors nous sommes partis côté salar ! Nous avons fait 20km magnifiques sur une piste assez roulante passant d’un sol terreux poussiéreux à une croute de sel blanche qui s’épaississait… Jusqu’à ce que nous arrivions dans une zone sans piste bien définie et sur un mélange de terre, de sel et d’eau ! Pas Coooooooooleuuu ! Une bouillasse collante et salée: pas l’idéal pour les cyclos et les cycles. Nous avons donc décidé d’obliquer à l’azimut pour retrouver un village au pied de la montagne. Village traversé par une « vraie » piste bien identifiée sur notre carte. Quand, enfin, nous y sommes arrivés avec soulagement, nous avons fait 500m avant de nous enfoncer dans des ornières de 40cm immergées dans 20cm de poudre poussiéreuse ! Re Pas coooooooleuuuu ! 2 km comme ça, à pousser nos vélos jusqu’au village suivant, ça vous repeint et sape le moral d’une équipe de voyageurs. Au village, nous trouvons un terrain de basket et nous mangeons dessus. C’est un peu moins poussiéreux… Puis papa va à la rencontre d’un monsieur pour connaître l’état de la piste par la suite. D’après lui, à partir d’ici, la piste qui contourne le volcan par le salar est dure, plate et sèche… Du coup nous obliquons à nouveau vers le salar. Le début est très agréable mais rapidement au lieu de trouver un sol dur, sec et lisse, nous roulons sur une sorte de marais salant plus ou moins mou, avec du sel qui crisse sous nos pneus et se colle à la mécanique. Nous avons l’impression de rouler dans de la neige poudreuse. Plus aucune piste par ici. Nous nous dirigeons au cap comme sur un bateau en mer. Pour couronner le tout, en quelques secondes nous subissons un sacré coup de vent en pleine face !!! La situation devient franchement rude. Nous avançons très difficilement. Le sol alterne entre parties dures mais complétement grumeleuses et saumures plus ou moins épaisses. Le vent lui ne varie pas d’un pouce: pleine face, pleine puissance. Aucun abri possible, aucune possibilité de planter la tente et pas de retour possible à la terre ferme car les bords du salar sont boueux sur quelques kilomètres. Nous avons donc pédalé cahin-caha pendant 25 km, jusqu’à pouvoir accoster dans le village de Jirira ! C’était dur mais nous avons vu de belles couleurs au coucher du soleil.

Un sacré coup de bonheur ! Le lendemain, nous sommes repartis sur le salar mais dans la zone plus connue et empruntée. La croute de sel est plus dure et le passage des véhicules a tracé des pistes bien visibles et agréablement lissées. Nous avons vu le salar dans d’exceptionnelles conditions météorologiques. De Jijira à l’île d’Incahuasi, nous avons fait plein de photos et de films en jouant avec les perspectives. C’était amusant et nous avons bien profité de cette journée avec un sacré coup de vent… dans le dos ! Le soir nous avons été accueillis dans une pièce du petit musée de l’île. C’était la 1ère fois que nous dormions dans un musée !

Un sacré coup de chance ! Après cette nuit en plein cœur du salar, nous avons roulé encore 65 km dans ce désert de sel en direction de Colchani. Aujourd’hui, nous avons rendez-vous dans le salar avec la Velove family ! Valérie, Fabrice et leurs enfants Lalie (9ans et demi) Esteban (7ans et demi) et Naïa (2ans), voyagent avec deux tandems Pino (comme le nôtre) et une carriole! Ils ont commencé leur voyage en mai et ont démarré en Argentine. Nous étions en contact par Internet et nous avons été très heureux de passer une soirée avec eux en bivouaquant pour l’occasion dans le restaurant d’un hôtel construit tout en blocs de sel ! 3 Espagnols à vélo se sont joints à nous pour la fête ! Super ! Nous avons joué, rigolé, parlé, mangé (ils avaient apporté du vin d’Argentine et du pâté de Cahors et aussi du saucisson de Bolivie, oui oui!), fêté nos 1 an de voyage (un sacré coup de vieux), regardé un film, puis tous les enfants ont dormi ensemble dans la tente des Velove et les parents Velove ont dormi dans la tente des enfants Cham ! Autant dire que c’était le top !!! (vous pouvez-lire ici leur récit de la rencontre et là aussi)

Un sacré coup de stress ! Le lendemain de notre soirée avec nos nouveaux copains, nous avions décidé de faire quelques kilomètres ensemble (ils entraient dans le salar et nous en sortions, mais nous ne pouvions pas nous quitter sans faire quelques tours de roues ensemble). Au bout de 3km dans leur direction on s’arrête pour leur dire « au revoir ». Papa fait un dernier petit tour puis revient. Au même moment un camion passe, s’arrête, le chauffeur descend, se baisse et repart. Un des Espagnols, observateur et perspicace dit : « Antoine, as-tu ton téléphone ? » Et là c’est le drame ! Papa n’a pas son téléphone ! Et dans nos têtes ça fait tilt ! Nous fonçons vers le camion, nous crions: le chauffeur finit par s’arrêter et par nous rendre le téléphone avec une certaine mauvaise foi !

Un sacré coup de soleil ! Dans le salar d’Uyuni, la réverbération est grande et nous avons dû mettre beaucoup de crème solaire. Malgré cela nous avons pris des sacrés coups de soleil !!! Le résultat n’est pas beau à voir ! Nous avons rougi puis pelé, et nos lèvres ont gonflé jusqu’à devenir comme des knackis ! Petite dédicace à Foucauld !

Un sacré coup de cœur ! Tous ces bons moments, ces paysages époustouflants, ces silences incroyables, ce blanc si blanc, cette traversée comme une navigation, resteront gravés dans nos têtes et dans nos cœurs. Le salar d’Uyuni restera un épisode très fort et marquant de notre voyage.

La fin du voyage approche mais il nous reste encore quelques belles aventures à vivre, ne manquez pas la suite dans les prochains épisodes des Cham a vélo !

Inès (avec un peu l’aide de papa !)