Dans les steppes des hauts plateaux boliviens

Salinas de Garci Mendosa, Bolivie, 13 juillet 2018

La route est à nous !

Lundi 9 juillet, nous abandonnons la casa de ciclista de la Paz et nos amis cyclo-voyageurs. Nos sacoches sont pleines de nourritures diverses et variées en prévision des prochains jours en zone peu habitée. Un bus nous aide à grimper les quelques 600m de dénivélé pour sortir de la cuvette de La Paz et rejoindre Oruro. Nous évitons ainsi une portion de route encombrée et sans intérêt. Dans le bus ça sent la coca à plein nez, car, outre nos vélos, les immenses soutes débordent de sacs remplis de feuilles à mâcher. Arrivées à Oruro dans l’après-midi nous dévorons un désormais traditionnel poulet / frites molles / riz fade et quittons rapidement cette ville affreuse. Un nécessaire coup de masse pour redresser un des plateaux du vélo d’Antoine nous retardera à peine.

La route et la voie de chemin de fer se suivent et nous emmènent très vite dans la pampita (comme disent les Boliviens). Nous sommes au cœur d’une immense plaine bordée de montagnes. A cette période de l’année c’est très sec. Les nombreuses rivières sont taries. Il n’y a plus rien dans les champs. Tout est jauni. Quand le soleil s’apprête à nous abandonner nous nous dirigeons vers un hameau. A notre arrivée les quelques personnes qui étaient dehors se cachent et les chiens nous aboient dessus… On a vu plus accueillant ! Mais c’est assez révélateur de l’état d’esprit des amérindiens des hauts plateaux andins: réservé. Nous insistons gentiment et avançons vers les portes qui ont avalé les habitants. Une fois leur appréhension passée, ils nous proposent de nous ouvrir la salle communale pour la nuit. Il fait bien froid ce soir, et ils pensent que ce sera mieux pour nous que notre tente. De fait, nous sommes bien contents d’être au chaud. C’est plutôt agréable notamment pour cuisiner et prendre nos repas, en plus il y a même de l’eau au robinet. Le luxe !

Pendant ces quelques jours dans la pampa, nous traversons des paysages grandioses et immenses. Les véhicules se font rares. Cela nous procure une grande sensation de liberté. La route est traversée parfois par de grands troupeaux de moutons et de lamas. Nous apercevons aussi des petits groupes de vigognes sauvages et parfois quelques gros chinchillas.

Le midi nous nous arrêtons pique-niquer sur les bords des routes, qui ne sont pas toujours très propres…

Car même si la route est peu fréquentée, les déchets sont toujours très présents, et particulièrement les couches pour bébé, que l’on remarque régulièrement en tas. Un jour, nous avons même vu un camionneur jeter son sac de bouteilles plastiques sur la route devant nous en pleine campagne… Je ne suis pas sûr que la Pachamama (la Terre nourricière comme elle est appelée ici) apprécie ce genre de repas…

Parfois, nous profitons d’une cantine de rue pour nous arrêter reprendre des forces. Cela nous permet de profiter d’un repas chaud toujours composé d’une soupe puis d’un plat principal. Cette fois c’est une soupe de quinoa suivie d’un chicharron de lama (genre de lardons de lama) avec des pommes de terre et du chuño (la fameuse pomme de terre séchée).

Le soir nous débarquons un peu au hasard dans des petits hameaux déserts, car tout le monde est parti faire pâturer ses animaux dans les champs jusqu’à la nuit tombée. Mais par chance, nous trouvons toujours un vieux pépé pour nous indiquer un emplacement pour notre tente.

Les villages sont très rustiques avec leurs maisons en terre et en paille, leurs ruelles poussiéreuses et souvent leur place principale bétonnée. Il semble que ce soit du dernier chic municipal que d’abuser du ciment pour orner le centre des patelins. Résultats peu enthousiasmants à nos yeux… Dans ces bourgs, il y a toujours un grand trou, censé recueillir tous les déchets, mais les plastiques volent toujours partout. Il y a aussi presque toujours un robinet qui traîne, avec une eau suffisamment limpide pour que l’on puisse s’en servir après l’avoir filtrée.

Le 5ème jour avant d’arriver aux portes du Salar, nous pique-niquons au bord d’un immense cratère météoritique dont le fond empli d’eau sert d’abreuvoir aux troupeaux de lamas et moutons. La météorite aurait percuté la terre il y a seulement 1000 ans. Et c’est vrai que tout semble très frais. Les dimensions du cratère, sa parfaite circularité et les roches fondues et torturées qui l’entourent sont très impressionnantes.

Ce soir là, nous arrivons dans la petite ville de Salinas de Garci Mendoza, capitale déclarée de la quinoa bolivienne. La route asphaltée s’arrête là. L’ambiance est un peu étrange et glauque. Sur la place principale, il y a plusieurs petits groupes de buveurs de bières qui semblent déjà bien alcoolisés. Heureusement nous trouvons un chouette petit hôtel sur les hauteurs, où nous sommes très bien accueillis: douche chaude, petite lessive, dîner avec steak de lama. Nous prenons des forces pour aborder l’immense désert de sel qui nous attend.

Le lendemain nous repartons, frais et dispo pour aller affronter le Salar d’Uyuni, le plus grand désert de sel du monde! L’excitation est à son maximum chez les Cham à vélo!