Vive le vent, vive le vent, vive le vent d’hiver! De Uyuni à Tupiza

Tupiza, Bolivie, 22 juillet 2018

Voilà, nos affaires sont toutes propres et dessalées, nos sacoches sont pleines de victuailles: dulce de lèche (le Nutella d’Amérique du Sud), fruits, légumes, beurre, pain et même saucisson!!!! Vivement le pique-nique… Nous avons même réussi à nous laver sous une douche bien chaude. Bon il a quand même fallu batailler un peu pour l’avoir, tout se mérite en Bolivie…

Bref, après tout ça, il est déjà 13h quand nous quittons Uyuni, point de départ des tours-opérateurs 4×4 vers le Salar. La journée est déjà bien avancée, mais la suite nous appelle et nous n’avons aucune envie de prolonger notre séjour dans cette ville sans grand intérêt. Qui plus est, le vent est avec nous et la route toute nouvellement asphaltée, super! C’est l’euphorie! Au moment du pique-nique nous sommes même obligés de nous protéger du vent derrière nos vélos, et c’est plutôt efficace. Il fait grand beau et les kilomètres défilent rapidement. Les villages sont rares. C’est même très désertique, si bien que les animaux ont aussi déserté les lieux. Malgré le panneau indiquant la présence d’autruches, pas une ne vient pointer le bout de son bec. Grosse déception pour Géraldine! Au bout de 65 km et 3 heures de vélo, nous arrivons « déjà » au village de Cerdas. A l’entrée il est indiqué que nous sommes dans un village minier. En discutant avec les passants, on nous apprend que l’on trouve dans les montagnes de l’argent et du bismuth (l’occasion d’en apprendre un peu plus sur ce métal que nous ne connaissions pas). Le soleil commence à baisser et le vent est maintenant glacial. Nous aimerions bien trouver une pièce pour la nuit. On nous indique facilement la maison de Ruth qui pourra nous ouvrir l’école pour nous mettre au chaud. Cerdas étant un des rares points de chute possible dans le coin, le village est habitué à la visite des cyclos. Il parait même qu’une autre famille de français y est passée il y a une semaine… Dédicace à la Vélove Family ! En deux temps trois mouvements, nous nous installons dans une petite classe bilingue où l’on enseigne le quechua et le castillan. Après une petite séance d’apprentissage (les enfants étant surprenants de motivation) et un bon plat de pâtes sauce oignon-tomate, tout le monde s’endort comme des bienheureux.

A notre réveil, de gros flocons de neige viennent épaissir rapidement le manteau blanc qui couvre tout le village. Nous sommes surpris de voir à quelle vitesse la météo a changé. Le temps de ranger nos affaires et de prendre notre petit-dej, l’épaisseur de neige a pris 5 cm de plus. La neige est lourde, humide et elle accroche bien sur la route terreuse du village. Mais quand faut y aller, faut y aller ! Nous nous équipons comme pour dévaler une piste rouge et sommes contents d’utiliser si bien tous nos équipements! Sur la route asphaltée, la neige accroche moins et nous arrivons à rouler sans glisser. Les voitures sont rares mais laissent de belles traces de pneus qui facilitent notre progression. Les paysages sont transformés, c’est beau, c’est blanc et ça rappelle aux enfants de bons souvenirs de vacances d’hiver à la montagne. Malheureusement Albane n’en profite pas pleinement, elle sanglote en croyant perdre ses doigts de pieds tellement elle a froid. Une nouvelle expérience dans l’apprentissage du dépassement de soi… Ce n’est pas facile de garder le moral quand on a les pieds mouillés et glacés. Joseph et Inès seront particulièrement courageux. Ils ont un moral à toute épreuve. Finalement après une belle descente nous arrivons à Atocha 25km plus loin. La neige s’est transformée en pluie et les rues sont pleines de boues. Brrrrr! Nous rentrons dans le 1er restaurant qui se présente à nous pour nous réchauffer un peu, retirer nos chaussettes et pantalons trempés et aussi avaler une bonne soupe chaude. Après la pause déjeuner, la pluie tombe toujours. Ça plie le débat: nous nous arrêtons ici. Plus de vélo-ski aujourd’hui. Nous passons le reste de la journée au chaud sous les couvertures à regarder des films! Les enfants sont ravis… les parents aussi!

Le lendemain, comme si de rien n’était, le soleil brille de nouveau et le vent est toujours avec nous! Nous nous extirpons d’Atocha pour une partie de route en montagne. Nous reprenons de la hauteur et les paysages s’offrent à nous à perte de vue. Il y a de jolies montées-descentes toute la journée et au bout de 42 km nous sommes épuisés et décidons de nous arrêter pour la nuit dans un hameau d’une société minière. C’est gris, c’est sale et même c’est franchement moche. Des mineurs avec casque et lampe frontale nous accueillent et nous ouvrent une maisonnette en adobe et terre battue pour la nuit. Nous y installerons notre tente, histoire de se protéger un peu de la poussière ambiante. En faisant le tour du hameau, nous trouvons de bons petits pains chauds tous juste sortis du four que nous dévorons immédiatement. Aux alentours nous apercevons l’entrée  du tunnel minier et les wagonnets transportant le minerai de zinc. Derrière les montagnes, le soleil se cache et il fait déjà trop froid pour s’attarder devant le match de foot que les plus jeunes hommes ont commencé. Nous nous réfugions sous notre tente et avalons rapidement une purée avant de nous enfoncer dans nos duvets tous serrés les uns contre les autres. Nous avons bien chaud.

Au matin il fait si froid que l’eau du robinet est glacée quand Inès s’attaque à la vaisselle. Heureusement nous avions prévu le coup et fait quelques provisions d’eau hier soir. Nous démarrons la journée par encore quelques belles côtes. Ça nous réchauffe! Mais notre souffle est court, car oui, nous sommes toujours perchés à plus de 4000 m. La route ondule. Il y a peu de passage. Puis l’asphalte s’arrête et laisse place à une belle piste, bien faite, qui monte bien comme il faut! Les travailleurs routiers nous saluent, amusés, alors que nous serpentons dans la montée, essoufflés. Au sommet, c’est la pause déjeuner, avant de se lancer dans la descente vers Tupiza. En 40 km nous passons sous les 3000 m d’altitude. C’est splendide, il y a de grands virages et c’est grisant! La végétation change, d’immenses arbres-cactus apparaissent, la température monte, l’oxygène revient. Depuis 1 mois 1/2 que nous sommes en hauteur, les effets de la baisse d’altitude sur nos corps sont immédiats et agréables. Après le village de Salto, nous sommes plongés dans un tout autre paysage. Le changement est saisissant, rapide, nous voici de retour au Far-West comme en Utah! De belles couleurs pourpres et dorées colorent les montagnes érodées. Les cow-boys ne doivent pas être loin… L’arrivée sur Tupiza se fait par le lit de la rivière, car la route s’est effondrée. Cela nous oblige à traverser quelques jolis gués à vélo, à pied ou à dos d’homme! Ça nous fait bien rigoler!

Tupiza est une jolie ville, bien aménagée et paisible. Les routes sont bétonnées et les maisons sont peintes ce qui rend la cité bien plus agréable que partout ailleurs. Autour il y a de jolies balades à faire dans les quebradas, promis, nous irons y faire un tour demain matin…

A suivre…