Medellín – Quito : un grand saut et du vélo

Tumbaco, Equateur, 15 mai 2018

6 mai 2018 : Voilà déjà quatre jours que nous sommes à Medellín. Cela nous aura permis de découvrir la ville bien sûr mais aussi de retrouver pour la 3ème fois nos amis cyclos Fred et Yves. Nous les avons rencontrés la première fois aux USA, puis une deuxième fois au Mexique et maintenant en Colombie. A chaque fois c’est un plaisir de partager du temps avec eux.

Nous sommes donc le 6 mai et les parents d’Antoine nous font le plaisir de nous retrouver le 1er juin à Lima au Pérou. 3000 km à parcourir en 25 jours… l’heure des choix a sonné ! Nous décidons de zapper la suite de la Colombie pour avoir le temps de découvrir l’Équateur. Un grand saut et 22h de bus plus tard, nous voilà dans la ville frontière d’Ipiales. Nous prenons le temps d’un détour à vélo pour visiter l’étonnant sanctuaire de Las Lajas et nous entrons le lendemain en Équateur.

La frontière entre Ipiales et Tulcan en Équateur est le principal point de passage entre les deux pays. Les récits de nos confrères cyclos évoquent jusqu’à 11 heures d’attente voir même une nuit d’attente pour franchir cette ligne théorique tracée par des hommes. De fait, quand nous arrivons au poste Colombien, il y a une immense file d’attente avec bon nombre de Vénézuéliens qui fuient la crise et les conditions de vie désastreuses de leur pays. Côté équatorien, que l’on voit de l’autre côté du pont, la file d’attente n’a pas l’air moins longue… C’est là que le voyage en famille affirme sa supériorité : Les familles avec enfants sont prioritaires ! Joie et bonheur ! Nous arriverons à passer côté équatorien en moins de 3h.

Notre exaltation est de courte durée. L’Équateur nous accueille avec une sévère montée et surtout les gros nuages noirs nous arrosent copieusement. Nous trouvons refuge dans un petit resto de bord de route. Après une bonne soupe nous ne repartirons pas car la pluie s’éternise. Lola et Blanca nous autorisent à bivouaquer dans la salle du resto. Le lendemain matin, nous prenons le petit-déjeuner pendant qu’un énorme cochon se fait dépecer dans la cuisine. Joseph est très heureux de découvrir cela, Inès aimerait prendre son café tranquille quant à Albane, elle sort renforcée dans son choix d’être végétarienne. Elle nous l’a annoncé 2 jours plus tôt.

Étape record pour notre deuxième jour en Équateur: nous avalons 90 km et plus de 1800 m de dénivelé positif. C’est sûrement les 3000 m de dénivelé négatif qui nous auront motivés. Nous sommes bien dans la cordillère des Andes quand la route ne grimpe pas, elle dégringole et vice-versa. Ici le plat n’existe pas !

Les variations d’altitude entre 3300 et 1600 m entraînent des changements de climats, de températures et de végétations stupéfiants. De même, cette journée nous aura fait traverser des zones urbaines cosmopolites, montagnardes avec une population typique des Andes et pour finir une vallée équatoriale à la population exclusivement noire issue de la période de l’esclavage.

Une bonne nuit chez les pompiers du village d’Ambuqui, un changement de rayon sur la roue arrière du tandem et nous repartons pour une nouvelle ascension. Mais les rayons se cassent les uns après les autres en raison du décentrage de la roue et fautes de munitions nous faisons les 3 derniers km dans un pickup jusqu’au prochain garage. Antoine trouve la bonne clé torx et peut enfin réparer correctement le tandem. Nous sommes à Ibarra, il nous reste encore une vingtaine de km et une grosse montée pour arriver chez nos hôtes Warmshowers. Au sommet de la côte nous sommes arrêtés par des riverains qui nous attendaient pour nous offrir de la limonade et un arrêt au stand si besoin. Les Équatoriens sont globalement hyper accueillants et bienveillants envers nous. Qui plus est nous sommes fans de la limonade artisanale que l’on trouve un peu partout par ici.

Encore un petit effort et nous voilà dans l’industrieuse ville d’Atuntaqui. Ici tout le monde travail dans le textile. Nos hôtes Diego et Monica, ne dérogent pas à la règle, cela nous permettra de découvrir les techniques d’impression sur textile.

Avec leurs enfants Chris et Abigail nous passerons une soirée très agréable. Géraldine échange un cours de cuisine contre la découverte d’un nouveau jeu de société: la estrella. Nous aurions pu rester plusieurs jours chez eux et c’est un peu à regret que nous devons les quitter pour poursuivre notre périple au timing serré jusqu’à Lima.

Les jours suivants nous pédalons dans des paysages magnifiques avec des volcans qui culminent entre 4500 et 5700 m. Nous traversons des villages communautaires de populations indigènes comme on dit ici. Les femmes sont régulièrement en habit traditionnel et les hommes portent souvent les cheveux tressés en une fine natte noire sous un chapeau de feutre typique.

Nous avons la chance d’arriver à Ottavalo le jour du marché artisanal. Nous en prenons plein les yeux. Des bijoux, aux tapis en poil de lama en passant par les écharpes en mohair ou les sacs colorés, il est très tentant de tout acheter. Mais notre mode de voyage nous impose de ne rapporter que des souvenirs de photos. C’est déjà pas mal du tout.

Le soir, avec la bénédiction du Père Dany, nous squattons une salle de caté à côté de l’église San Francisco. Le jour suivant nous subissons encore une fois une grosse pluie en pleine montée. À 3100 m d’altitude il fait froid. Heureusement des auberges nous attendent au col. Nous découvrons la spécialité du coin: les bizcochos. Ce sont des biscuits au beurre en forme de bâtonnets qui se mangent avec de la crème de lait ou de la dulce de leche (confiture de lait). Avec un bon café ou chocolat chaud, c’est parfait quand il pleut dehors.

Une accalmie nous remet en selle mais ce sera de courte durée. Nous sommes à nouveau trempés des pieds à la tête. Mais qui a eu l’idée de voyager en vélo ? Qui ?

Les pompiers de Cayambe sont adorables. Ils nous installent dans leur gymnase et nous offrent une bonne douche chaude. Le bonheur tient parfois à peu de chose.

Inès choisit cette nuit-là pour déclarer bruyamment une intoxication alimentaire. Le réveil est laborieux pour notre aînée qui grimpe tout de même vaillamment sur son vélo. Aujourd’hui il fait beau pour fêter notre passage dans l’hémisphère sud. Nous traversons la ligne équatoriale à 11:00 du matin. Encore quelques kilomètres et nous faisons du stop. Le ventre d’Inès a décidé que nous ne profiterons pas de cette belle météo à vélo. Rapidement un pickup nous prend en charge et nous amène directement à Tumbaco. C’est dans cette ville de la périphérie de Quito que Santiago accueille les cyclovoyageurs depuis plus de 27 ans dans sa maison. Des gens comme Santiago, qui mettent à disposition des voyageurs tout ou partie de leur maison, il y en a un certain nombre en Amérique du Sud. Ces endroits appelés « casa de ciclista » sont connus des cyclos par le bouche à oreille et sont souvent des hauts lieux de rencontres entre voyageurs. Ici, à côté de Quito, nous allons passer 3 jours dans cette casa de ciclista. Nous aurons le temps de visiter la capitale et un musée situé pile-poil sur l’Équateur pour mieux comprendre ce qu’est cette ligne qui sépare la terre en 2. Nous prendrons aussi le temps de préparer la suite de notre périple et de faire notre déclaration pour les impôts… tout un programme!

A très vite pour la suite de nos rencontres et découvertes en Équateur…

Les Cham à vélo