Bleu russe

Il est là, au bout d’une longue route bordée de conifères. Il nous échappe encore derrière les fameuses montagnes russes que nous affrontons depuis ce midi.

Et puis voilà nous y sommes : devant le lac le plus profond du monde! Il nous tend les bras, sous un ciel franc au bleu si pur.

OLYMPUS DIGITAL CAMERA Signature éphémère

Où allons nous dormir ce soir? Devant le Baïkal ça c’est sûr! Deux, trois courses et une grande bière (pour fêter ça!) au « магазин » (magasin) du coin, puis nous partons à la recherche du meilleur spot pour passer la nuit. La journée a été rude, car outre la route qui ondule, le vent a soufflé fort et malheureusement il ne jouait pas dans notre équipe aujourd’hui! Alors après 70km et 5h de vélo, à bout de mollets, nous aspirons au repos.

Quelques baraques en bois, plus ou moins abandonnées surplombent le lac là-bas. Nous y allons. Celle-ci semble habitée, nous nous approchons. La barrière est fermée. Un chien gueule. Une porte s’ouvre. C’est André. Il est grand, imposant, un peu plus âgé que nous et vit avec ses vieux parents. Vraisemblablement on le bouscule, on le dérange. Eh! ce n’est pas tous les jours qu’il voit passer les Chamavélo! Il hésite, mais la tribu insiste, et finalement il ne mettra pas longtemps à nous ouvrir son bout de jardin qui tombe dans le Baïkal. Spectaculaire! Ce soir, encore une fois, nous ne pouvons douter de la présence de Dieu à nos côtés, ouvrant les cœurs et œuvrant pour notre bonheur.

Alors que le soleil plonge dans les eaux transparentes, notre hôte du jour nous apporte une table, des chaises, une grande bonbonne d’eau, l’électricité pour charger les téléphones, un samovar et même son gros manteau fourré, qui nous réchauffera les pieds toute la nuit. Le soleil n’est plus, le froid arrive, il est 21h et nous rentrons nous coucher dans nos deux « chambres » en tissu avec vue imprenable.

Au matin, le soleil est déjà haut. La chaleur emplit les tentes. Allez! Tous dehors! Nous rangeons les 8 duvets (nous avons dû en doubler certains en arrivant en Mongolie), la couverture, les 5 draps et les 5 matelas. Démontons les 2 tentes et remettons les 20 sacoches sur les vélos. De quoi se mettre en appétit pour un petit déj en « terrasse ». Entre temps, les enfants sont déjà sur la plage de sables et de galets. Au loin, nous apercevons les montagnes enneigées. Andrei vient à notre rencontre et nous « discutons » du chemin parcouru et à venir. Il nous soufflera l’idée de prendre le « Circum Baïkal train » pour éviter un fort dénivelé cent kilomètres avant Irkoutsk. Why not?

Il est l’heure pour nous de reprendre la route. Il est quand même 11h! Nous lui donnons notre habituelle petite carte de remerciement. Andrei, lui, nous offrira un petit tableau en bois représentant le Baïkal et sculpté par ses soins. Après la traditionnelle photo souvenir nous reprenons notre route.

Pendant une semaine, nous allons avoir le bonheur de longer cette immensité plane et silencieuse, alors que nous jouons au yoyo sur la route de montagne le long de ses berges. Nous allons planter la tente dans des décors grandioses, seuls au monde, mais jamais loin du train qui ceinture le lac au plus prêt. Nous allons déguster du омуль (Omoul) fumé ou séché, succulent poisson du Baïkal, qui se vend sur des petits stands le long du lac.

Nous ferons d’improbables rencontres au bord de la route:

Junus qui nous invitera à déjeuner avec son équipe d’eco-volontaires dans leur yourte en bois,

Louba, 8 ans, qui rentre du village en longeant la voie ferrée et qui s’invitera pour jouer et dîner avec nous,

Vladislav, la trentaine, vêtu comme un soldat russe des années 1920, tout en matières naturelles, qui marche de Vladivostok jusqu’à St Petersbourg avec un tout petit sac à dos et avec qui nous partagerons un pique-nique au bord du lac.

Notre « petit » tour du lac entre Boyarskiy et Kultuk se poursuivra en train au plus prêt du Baïkal dans le mythique Circum Baïkal train, 70 km en 5 heures!!! Là encore, on a le temps de profiter du paysage et de regarder les petites datchas perdues le long du lac. Alors on se dit que vraiment la Sibérie en hiver, avec le lac gelé, ça doit être quelque chose d’exceptionnel ! Arrivée à Port Baïkal nous trouvons une petite barque à moteur pour nous faire traverser l’Angara. L’aventure continue!

Demain nous avons encore 70 km pour rejoindre Irkoutsk, et la route ne s’annonce pas des plus faciles…A suivre!