Un seul train hebdomadaire pour Santa Cruz. Serons-nous à l’heure ? ?

Orly (France), 3 août 2018

Jeudi 26 juillet. Nous pédalons jusqu’au terminal de bus de San Sebastian de Jujuy en Argentine. Nous avons jusqu’à demain 16h00 pour atteindre Yacuiba à 350 km plus au Nord. Ville frontière entre Argentine et Bolivie, c’est là que nous pourrons grimper dans le train qui part chaque vendredi après-midi pour rejoindre Santa Cruz de la Sierra quelques 500 km plus au Nord. Santa Cruz est la plus grande ville de Bolivie. Située à la limite entre les Andes et l’Amazonie, c’est de là que nous avons un vol pour rentrer en Europe. Nous sommes confiants, en bus, nous avons largement le temps de rejoindre la frontière. Seulement voilà, au terminal autoroutier nous découvrons qu’aucune compagnie de bus n’est en mesure d’embarquer nos vélos. Nous avions effectivement entendu dire que ce n’était pas forcément facile de mettre les vélos dans les bus en Argentine, mais nous pensions au moins trouver une compagnie qui puisse gérer cela. Patatras… tous les bus ici sont à 2 étages, ce qui signifie petites soutes à bagages et donc pas de place pour les vélos… Il va donc falloir trouver une autre solution, et vite… Alors, comme il paraît que c’est facile de faire du stop dans ce pays, nous allons vérifier cela avec nos 4 vélos bien chargés et nos 5 petits fessiers. Challenge quand tu nous tiens… Mais pour éviter de trop nombreuses étapes, nous allons devoir pédaler un peu, enfin… seulement 70 km pour rallier la ville de San Pedro. Cela se fera majoritairement sur des voies rapides (sans bas-côté bien sûr)!!! Le kif, comme dirait Joseph. En gros, ça va nous prendre une bonne partie de la journée. Le contre-la-montre continue !

Nous faisons nos 70km sur autoroute, à un rythme soutenu et bien concentrés nous regardons peu le paysage de plaine qui nous entoure, nous roulons droit devant, le stress au ventre pour certains, l’oeil rivé sur les rétroviseurs pour d’autres. En sentant l’arrivée à San Pedro approcher, on s’aperçoit que les plaines sèches sont maintenant des cultures bien vertes de fruits et de légumes. C’est beau et surtout ça contraste avec nos 2 mois sur l’altiplano. Nous arrivons à notre lieu de stop à 15h, autant dire que l’on a bien roulé depuis 10h du matin. 1h plus tard Martin, notre ange gardien du jour, nous emporte tous dans son pick-up pour 1h30 de route. Nous sommes soulagés. En plus, il est vraiment sympa et insiste pour nous déposer à Pichanal, même si c’est bien au delà de sa destination initiale. Dans la voiture, nous traversons de grandes plaines de vergers de citrons, de maracuyas, …

Merci Martin !

Arrivés à Pichanal nous nous postons, pouce en l’air, à la sortie de la ville pendant 1h mais sans succès. La nuit arrivant nous trouvons une petite pension pour nous reposer. C’est très sommaire et pas vraiment propre, mais cela fera l’affaire. Pendant que nous commandons notre dîner, Antoine part faire un tour à la station de taxis à la recherche d’un pick-up pour demain. Il ne nous reste plus que demain jusqu’à 16h00 pour atteindre la gare et nous avons encore 150 km à faire. Cela nous parait trop risqué de tenter encore le stop demain. En rentrant, Antoine n’a pas trouvé de solution concrète. Ce n’est pas encore gagné ! Mais demain est un autre jour !

Le matin nous sommes sur la route à 7h dès le lever du soleil. Une solution se dessine avec un chauffeur de pick-up. Le prix nous semble raisonnable. Nous partons immédiatement. Nous traversons des champs de canne à sucre à perte de vue, peut être vont-ils jusqu’au Paraguay un peu plus à l’est? Géraldine est heureuse, de nombreuses autruches picorent dans les champs. Elle les aura vues ses autruches !  En fin de matinée nous sommes enfin à la frontière. Ouf! Quelques rapides formalités et nous voilà sur nos vélos en direction de la gare de Yacuiba. Le train a un coût dérisoire : 30 euros pour tous, vélos compris pour faire plus de 500 km!!! Imbattable. Bon, faut voir l’état du train… Mais nous avons réussi notre pari et nous attendons tranquillement le départ. Relax !

Une fois les vélos dans le wagon de marchandise, nous nous installons à côté de Mennonites. Des familles de blonds aux yeux bleus qui vivent en colonie aux alentours de Charaga, dans la forêt amazonienne. Ils sont habillés simplement et de manière identique: les hommes sont en salopette noire et chapeau de cow-boy ou casquette, les femmes sont en robe longue foncée aux motifs fleuris avec un large chapeau de paille sur la tête. Comme leurs cousins Amish, ils se sont éloignés du protestantisme classique, ils parlent une sorte d’allemand et se déplacent en carriole à cheval ou comme ici en train. Certains hommes viennent à notre rencontre pour savoir d’où nous venons. Il faut dire que le train que nous prenons n’a rien d’un train touristique et que nous ne passons pas inaperçus aux côtés des boliviens.

Malgré les sièges peu confortables, la poussière, les multiples arrêts et les nombreux bonds que fait le train, nous parvenons à dormir, soulagés d’avoir atteint notre objectif. 17 heures plus tard, nous débarquons à Santa Cruz. C’est un sacré changement : il fait chaud, les cholitas en habit traditionnel ont disparu, les klaxons sont rares, les bébés ne se portent plus dans le dos mais en poussette, les gens sont avenants. Nous sommes dans l’oriente bolivien!

Nous avons maintenant 6 jours pour récupérer et préparer notre retour en France. Santa Cruz n’est pas une ville touristique, tant mieux, nous nous y reposerons davantage. Antoine aura aussi la bonne idée de tomber malade. Nos derniers 15 jours nous aurons vraiment épuisés. Par ailleurs, le temps bien gris et même presque froid, ne nous poussera pas à une petite escapade dans la forêt. Repos, repos, repos, mais aussi démontage et empaquetage des vélos pour l’avion. Une activité passionnante, qui nous fait toujours tant hésiter à prendre l’avion…

Et pour ceux qui croyaient en rester là, le feuilleton continue outre-atlantique! A bientôt sur le sol français!