Retour au Mexique, le Chiapas et bonus !

Coatepec, Veracruz, Mexique, 9 février 2018

Le 29 janvier, nous voilà de retour au Mexique dans une zone qui s’annonce plus authentique que la côte Caraïbe de la péninsule du Yucatan.

La météo n’est pas décidée à s’améliorer. Le passage de la frontière se fera sous la pluie dans des quantités telles que nous trouverons un refuge 500 m à peine après le poste de douane. Nous y croisons encore la route d’une famille française en 4×4. Décidément !

Après une nuit spartiate dans une case en bois, nous profitons d’une accalmie pour enfourcher nos vélos en direction de Ténosique. Quelques kilomètres plus tard, la pluie recommence et ne nous lâchera plus sur les 60 km qui nous séparent de la ville. Trempés jusqu’aux os, nous atterrissons sous une pluie diluvienne dans un petit motel qui a plus l’habitude de recevoir des couples informels qu’une petite famille française. La barre de pole dance dans la chambre ne nous sera pas d’une grande utilité !

Le lendemain, enfin, le temps s’annonce sec. Chouette, nous prenons la direction de Palenque à 75 km de là. Nous devrions y arriver le soir même. C’était sans compter sur le fait que la route la plus directe qui y mène se transforme en une piste rurale qui chevauche des collines abruptes… Les paysages sont superbes et nous découvrons la vie authentique des habitants au son des singes hurleurs. Mais nous payons le prix fort, avec des côtes diaboliques qui nous imposent de pousser les vélos toutes les 10 minutes. Le soir nous trouve au milieu de la piste, en pleine campagne, après avoir passé à gué plusieurs cours d’eau et rencontré de nombreux hommes à cheval (ici pas de doute c’est le meilleur moyen de transport !). Heureusement, nous sommes spontanément invités à dormir dans une maisonnette en bois, très très sommaire, où nous installerons notre tente dans l’unique pièce, pour que chacun puisse disposer d’un peu d’intimité.

Le lendemain après un café fort bienvenu, nous terminons, non sans mal, les derniers 15 km avant de retrouver le bitume. Très rapidement après, nous arrivons dans la ville de Palenque. Après un gros repas de papas y pollos (morceaux de poulet frit et pommes de terre), une orgie de fruits et légumes et une bonne petite glace, nous arrivons à coté du fameux site maya de Palenque.

Après une nuit dans une chambre peu ragoûtante, nous arrivons à l’ouverture du site et c’est encore une très belle visite de temples mayas, très différents de ceux que nous avons découverts à Tulum ou à Tikal. Petit à petit nous prenons conscience de l’importance et de la richesse de la culture maya. Le site étant particulièrement bien conservé, avec des sculptures encore assez visibles. Quelle civilisation impressionnante !

De Palenque nous nous dirigeons ensuite vers San Cristobal de las Casas au cœur des montagnes du Chiapas. En affinant notre trajet, nous découvrons que la route 199 que nous avons prévu d’emprunter n’est pas des plus sûres. En effet, des mouvements de rébellion populaire entrainent régulièrement des barrages sur la route. Par ailleurs, les quelques 270 km à parcourir seront à faire sur une route de montagne avec des dénivelés importants et des côtes aux pourcentages de pente pas très agréables pour des voyageurs aux vélos bien chargés. Et puis, mine de rien, le chrono tourne et nous prenons conscience que nous allons avoir des choix à faire et des parties à zapper si nous voulons avoir le temps de pédaler sur les hauts plateaux boliviens avant notre retour au bercail cet été. Cela fait déjà plus de 6 mois que nous roulons, nous sommes déjà à la moitié de notre périple… Nous décidons donc de nous épargner les parties les plus ardues en prenant à trois reprises des pickups pour faire de grands sauts de puce. C’est à chaque fois un sentiment partagé: bonheur de grimper facilement en s’évitant des heures de pédalage à 5 km/h sur le plus petit développement de nos montures, mais aussi  petite frustration de ne pas profiter plus lentement des paysages sublimes que nous traversons. Nous prenons quand même le temps d’endurer juste ce qu’il faut sur quelques belles grimpettes pour profiter de quelques belles descentes.

Et alors que nous subissions la pluie depuis près de 15 jours, nous allons maintenant découvrir qu’un grand ciel bleu n’est pas forcément plus propice aux efforts des cyclo-voyageurs. La pluie ne nous mouille plus, mais notre propre transpiration provoque le même résultat après une demi-heure de pédalage intensif.

Nous passons notre première nuit sur ce parcours au niveau des chutes de Misol-Ha. Une belle « cabaña » au bord de la rivière nous offrira une bonne nuit de repos et les cascades un bon bain frais. Le jour d’après, sur la route, entre les plantations de palmiers à huile, c’est Manuel qui fait demi-tour avec sa voiture pour nous dire que nous sommes les bienvenus dans son centre de préservation de la faune et d’éducation à la protection de la Nature. Une super rencontre et une belle nuit dans la forêt sous les moustiquaires. Nous avons même pu tenir des bébés crocos en laisse… c’est plus chic qu’un chihuahua non ?

Le lendemain, après nous être fait déposer en haut d’une montagne, nous abordons, tout enthousiastes, une belle descente qui donnera lieu à une magistrale sortie de piste d’Antoine. Heureusement sans conséquence autre, qu’une belle frayeur et des hurlements d’Inès qui, juste derrière son papa chéri, a cru voir arriver sa dernière heure, quand il a fait son vol plané dans les hautes herbes du bord de route ! Une fois remis de nos émotions et rappelés à quel point un accident est vite arrivé, en ce dernier jour de la semaine, nous sommes allés à la messe dans l’église San Jacinto de Polonia à Ocosingo. Nous avions un peu de matière pour les remerciements !

Le soir, à la recherche d’un lieu pour dormir, nous sommes abordés par Uriel, un jeune homme qui apprend le français et qui nous propose son aide. Nous passerons la soirée dans sa famille en mangeant de délicieux tamales (papillote amérindienne très commune composée de pâte de maïs et d’une farce salée ou sucrée) confectionnés et vendus par sa grand-mère. Très chaleureuse rencontre et agréable soirée d’échanges dans laquelle nous apprenons aussi que la route 199 est effectivement actuellement bloquée dans la ville d’Oxchuc et qu’il nous faudra donc faire un grand détour pour rejoindre San Cristobal de las Casas. Vu les dénivelés et nos peines passées dans les côtes précédentes, il n’en fallait pas plus pour nous décider à trouver un pick-up pour parcourir le reste du trajet.

Le lendemain, sur une route qui n’était parfois qu’une piste, nous avons fait 3h30 de 4×4 pour rejoindre notre destination. A chaque côte, qui faisait hurler le moteur du véhicule, nous nous regardions tous avec un petit sourire de satisfaction, nos fesses bien calées dans les sièges du véhicule !

Nous venons de passer 3 jours à San Cristobal. Au menu: lessives, réparations diverses (ici tout se recycle, se répare, y compris les boucles de montre ou les coutures de nos chaussures), visites, promenades, cuisine, rencontres et repos. Nous y retrouverons nos vélos dans une semaine et c’est promis nous vous en dirons un peu plus sur cette ville dynamique. Pour l’instant, après 12 heures de trajet nocturne en bus, nous sommes 700 km plus au Nord du Mexique dans l’État de Veracruz, chez Marie et Manuel, la tante et l’oncle d’Antoine qui habitent dans la très jolie ville de Coatepec, ancienne capitale du café, près de Xalapa. Une semaine en famille, sans vélo, à la découverte d’une nouvelle région et aussi des initiatives et actions locales menées par l’association dont Marie et Manuel sont à l’origine. Là-aussi, nous aurons l’occasion de vous en reparler. C’est vraiment admirable !

Les Cham à vélo

Bonus : les singes hurleurs en vidéo

A la demande express des « tontons parisiens », nous avons le plaisir de vous offrir ce petit récital en plein air de singes hurleurs. Ces derniers auront ponctué notre trajet depuis près de trois semaines.