Le Nord du Guatemala: retour à la campagne… + une surprise d’Albane

El Naranjo, Peten, Guatemala, le 28 janvier 2018

Depuis que nous avons quitté le Mexique, la météo est orageuse. L’air est hyper humide et le ciel passe d’un soleil meurtrier à des averses bien copieuses. Ça fatigue sérieusement les organismes.  Les dernières collines que nous gravissons au Bélize préfigurent bien ce qui nous attend dans le Nord du Guatemala. Ça va être sportif !

Nous arrivons au Guatemala le 22 janvier par la ville de Melchor de Mencos. Passage de frontière facile. Presque trop ! Un peu plus et nous passions la rivière limitrophe sans faire tamponner nos passeports !

Arrivés dans la ville, après l’habituelle retrait de monnaie locale et l’achat d’une carte SIM pour faciliter notre communication, nous décidons de trouver un lieu pour passer la nuit. Il n’est que 14h30 mais le soleil qui cogne fort, la côte qui s’annonce pour sortir de la ville et l’incertitude sur la fréquence des villages le long de la route, nous incitent à rester ici. L’église catholique du coin dispose d’un centre d’hébergement UNCHR* à disposition des migrants et réfugiés. Notre condition de « voyageurs sans difficultés » n’entre dans aucune des catégories ci-dessus mais l’on nous confirme à plusieurs reprises que nous sommes les bienvenus. Dont acte. Nous squattons quelques-uns des lits à étage avec matelas en sky. Puis nous partons déambuler dans les rues de la ville en quête de nourriture. L’occasion de se familiariser avec les prix qui se pratiquent dans ce nouveau pays. Après le Pesos mexicain qui vaut 1/23ème d’Euro, le Dollar bélizéen qui vaut 1/2 Dollar américain qui lui même vaut 0,8 Euro, nous voilà avec des Quetzals guatémaltèques qui valent 1/9ème d’Euro… Mais on va y arriver !
De retour au centre d’hébergement, une petite dame arrive avec de bien grosses valises. Communication difficile avec elle (nous sommes au tout début de notre apprentissage de l’espagnol). Mais son état de propreté tout relatif et ses habits déchirés ne laissent aucun doute quant au fait que ce centre d’accueil lui est bien destiné. Nous partagerons notre dîner avec elle et échangerons quelques informations mais la fatigue des uns et des autres aura raison de nos efforts respectifs de communication. Chacun s’installe dans son lit. Malgré le vacarme tardif d’une boîte de nuit toute proche, tout le monde s’endort bien vite.

Nous repartons le lendemain sur la route qui mène vers le lac de Petén Itza et la cité Maya de Tikal. La route est belle et surtout goudronnée ce qui est toujours plus agréable. C’est vallonné et très, très vert. Les paysages s’ouvrent sur des champs, des cultures, fini les murs de forêts impénétrables. On respire.

Sur la route, de nombreux hameaux ou petits villages pour trouver de quoi manger et boire. La nourriture par ici se compose essentiellement de tortillas, frijolles (purée de haricots noirs), œufs, poulets frits et autres quesadillas. Ces dernières sont des tortillas avec du fromage fondu dont les enfants raffolent. Pour l’eau nous pouvons soit utiliser celles contenues dans de grands bidons consignés de 20 litres soit filtrer l’eau du robinet soit boire du coca (Ouh!!!).

La population locale est évidemment très rurale. Les activités agricoles sont composées essentiellement de cultures de maïs, de bananiers et d’élevages bovins. Nous retrouvons ici des zébus comme en Asie du Sud-Est. Avec les métiers du transport, les petits commerces, restaurants et stands ambulants semblent constituer le reste de l’activité économique de la zone. Le niveau de vie est vraiment très modeste par ici. À proximité des sites touristiques comme Tikal ou la jolie île-village de Flores, le tourisme et sa manne financière transforment le contexte et tout gravite alors autour.

Nous nous posons 2 jours au Nord-Est du lac de Peten Itza pour aller visiter le très sauvage site de Tikal qui s’étale sur une dizaine de kilomètres carrés dans la jungle. Très belle visite et balade dans la jungle, interrompues par une grosse averse qui nous permettra de rencontrer les travailleurs du site. Ils sont en train de restaurer un des temples quand nous nous abritons dans leur cabane près du feu. Il ne fait pas si chaud.

Le jour d’après Nemo (Warmshowers) nous laisse installer notre tente sur la terrasse de sa maison face à la très jolie presqu’île de Flores. Le lendemain matin nous partons avec lui pour une marche vers un site maya encore enfoui qui offre une jolie vue sur le lac Peten Itzel et la presqu’île. En partant nous retrouverons, non pas une, ni deux mais bien trois familles françaises qui vadrouillent en van, 4×4 ou camping-car à travers les Amériques. Rencontre sympathique et échange autour de nos différents modes de voyage. Forcément nous apparaissons plus « light » que nos compatriotes.

Nous repartons pour quelques jours de vélo en direction de la frontière mexicaine. En effet, nous avons pour projet de découvrir le Chiapas au Mexique et aussi d’aller rendre visite à la tante d’Antoine qui habite l’état de Veracruz. Ces quelques jours nous permettront de découvrir une zone non touristique du Guatemala et de faire de belles rencontres, qui égayeront la route très vallonnée et ses quelques côtes redoutables. Les pompiers de la ville de La Libertad nous proposeront de dormir au dessus de leur caserne, plus loin c’est à l’église catholique d’un petit village que nous trouverons refuge. Le jour suivant c’est un riverain qui nous ouvrira la maison de son frère absent pour que nous passions la nuit au sec. Parce qu’en effet, la météo n’est pas très joyeuse et les pluies sont fréquentes. L’atmosphère est très humide, nos affaires ne sèchent jamais vraiment, et ce n’est pas très agréable. Pour compliquer un peu la tâche, Antoine a eu la bonne idée de se faire un tour de reins et il a une bonne petite sciatique lancinante depuis quelques jours et qui ne veut pas le lâcher… Aller, demain nous retournons au Mexique et peut être que la santé s’améliorera.

Pour ce premier passage au Guatemala, nous garderons le souvenir d’un peuple sympathique, généreux et souriant et nous oublierons la météo capricieuse et la sciatique du petit vieux de la famille.

Les Cham à vélo

* Le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés

En bonus : Albane vous explique comment dessiner un temple maya. A vos crayons !