Coup de poker à la frontière…

le 12 octobre 2017

Nous aimons ne pas trop planifier notre périple.Après de superbes flâneries québécoises et de retour à Montréal chez nos cousins, notre feuille de route était vierge. Moment particulier où se mêle la joie de se sentir libre d’aller où bon nous semble et en même temps le « stress » de faire le bon choix. Pas si simple de décider où nous allons pédaler. Outre nos attirances et nos rêves d’enfants pour telle ou telle partie du globe, il nous faut aussi prendre en compte les conditions climatiques, les distances, la rugosité du terrain, les possibilités de transport et le temps à y consacrer, tout en conservant suffisamment de temps pour découvrir les multiples autres pays qui nous font de l’œil.

Plus prosaïquement et malheureusement, il nous faut aussi tenir compte des autorisations administratives de séjour dans les pays. En la matière, les États-Unis ne sont pas réputés pour leur grande souplesse, surtout depuis quelques mois … 

Or, après moultes réflexions nous avons jeté notre dévolu sur l’Utah. Nous rêvons de sillonner ses parcs nationaux désertiques et promener nos vélos à travers les ocres rouges de ses canyons. Les températures chutant très vite à cet saison dans cet État, il nous faut naturellement faire de grands sauts en train pour le rallier au plus vite.

Problème : il ne nous reste plus que 2-3 semaines sur notre autorisation de séjour aux USA, quand nous souhaitons y passer au moins les 2-3 prochains mois entre Colorado, Utah, Nevada et Californie. Argh ! Nous n’allons tout de même pas renoncer à nos souhaits pour une triste tracasserie administrative. Avant même de partir de France nous savions que notre parcours entre USA et Canada, n’était pas des plus raisonnables de ce point de vue, mais c’était celui qui nous plaisait. Les gardes frontières sont souverains dans leurs décisions d’acceptation ou de refus d’entrée sur le territoire américain. Nous parions que notre interlocuteur sera intelligent ! 

 De bon matin, nous avons donc quitté Montréal en train pour rejoindre Toronto. Quelques jours et coups de pédales plus loin, après avoir longé la rive Sud-Ouest du lac Ontario, nous avons remonté la rivière Niagara et ses fameuses chutes. Ce genre de site très touristique nous donne toujours un sentiment mitigé dans lequel le plaisir de découvrir une merveille de la Nature est très atténué par l’hyper marchandisation du spectacle et la bétonisation des lieux.

 

Et puis, nous y sommes! Au poste frontière américain de Buffalo, il nous faut abattre nos cartes. Ça passe ou … bah nous verrons bien !

Direction le poste frontière!

Le poste frontière est énorme, grand comme un péage autoroutier et chargé comme un WE de Pentecôte sur l’A7. Heureusement, une petite porte grillagée nous donne accès à un espace dédié aux rares piétons et cyclistes. Un interphone nous invite à solliciter l’administration des lieux. Le temps d’une dernière petite prière à nos anges gardiens habituellement si prévenants et nous voilà en face d’une douanière au visage impassible. La lecture de nos passeports lui fait dire que nous n’avons règlementairement que 16 jours restants aux USA. Nos réponses à ses questions et l’écoute de nos intentions, l’amènent sympathiquement à envisager une nouvelle période complète de 90 jours… Encore quelques prises d’empreintes digitales et des coups de tampon et nous voilà bienvenus aux États Unis avec les félicitations et encouragements de Madame Gonzales ! Carré d’as! Nous ne voulions pas douter de nos chances dans ce genre de situation, mais c’est tout de même mieux quand la partie est gagnée!

Nous voilà donc prêts pour traverser les États Unis!

Bienvenue à Buffalo!

Tout n’était pas encore réglé pour autant. Nous avions prévu de prendre le train entre Buffalo au bord des Grands Lacs et Grand Junction dans le Colorado. Or le règlement de la compagnie ferroviaire Amtrak est sans équivoque: tandems et vélos couchés sont strictement interdits…

Leslie notre merveilleuse hôte Warmshowers était très sceptique sur nos possibilités. A tel point, qu’elle nous a prêté sa superbe voiture électrique (Antoine a adoré l’essayer) pour visiter des loueurs de vans et autre U-Haul comme solution alternative. Par acquis de conscience, nous avons aussi fait un saut à la gare pour poser nos questions. En effet, l’idée de rouler en van 5 jours d’affilés ne nous excitait pas plus que cela. Et comme nos étoiles sont parfaitement alignées ces derniers temps, non seulement le personnel de la gare nous a confirmé qu’ils trouveraient une solution pour nous, mais en plus nous n’avons même pas eu besoin de démonter ni emballer nos montures. Roll on / Roll off comme dans les ferrys. Ça c’est la belle vie!

 

Nous avons donc pris le train à minuit dimanche soir à Buffalo pour rejoindre Chicago dans un premier temps.

Les disponibilités des trains nous « imposent » un arrêt d’une nuit dans la troisième ville des États Unis. Le réseau Warmshowers nous offre encore un superbe accueil en plein Chicago. Lundi, nous avons profité à vélo d’une magnifique journée ensoleillée pour découvrir la ville, sa fameuse skyline et ses plages le long du lac Michigan! Le top! 

Entre Chiacgo et Grand Junction, nous avons passé 30 heures dans le train. Nous y avons fait la rencontre de membres de la communauté Amish avec qui nous avons eu d’intéressantes discussions et nous avons admiré les paysages des plaines du centre des Etats-Unis et des Rocheuses proches de Denver depuis le wagon panoramique.

A notre arrivée à Grand Junction à 22h, la cheffe de gare interpelle Antoine et l’informe qu’il est hors de question que nos vélos fassent le trajet retour, car les tandems et les vélos couchés sont strictement interdits dans les trains! Ça tombe bien ce n’est pas prévu, mais pour cette fois nous avons gagné la partie!

Prochain épisode : les Cham à vélo suivent le Colorado !