02 Août 2018 4 Comments
Una pequena vuelta en Argentina ? (Tupiza – San Sebastian de Jujuy)
Santa Cruz de la Sierra, 2 août 2018
Le précédent article fait par Albane :
« A cheval dans le far west bolivien »
est bien disponible ici
(désolé pour le lien invalide dans l’email).
Nous avions imaginé terminé notre périple américain au Chili, puis plus raisonnablement en Bolivie, finalement nous ferons un petit tour en Argentine. En plein dans l’esprit du périple !
Quand nous quittons Tupiza (Bolivie), le dimanche 22 juillet, après notre sympathique balade à cheval dans le canyon des incas, nous savons que nous allons jouer là un vrai contre-la-montre pour atteindre notre objectif : 440 km de vélo à faire en 5 jours pour être en mesure de monter dans l’unique train hebdomadaire qui part le vendredi de Yacuiba au Sud-Est de la Bolivie et rallie la ville de Santa Cruz de la Sierra en Oriente. C’est de là que nous décollerons pour rentrer en France.
Nous savons que la partie que nous ferons à vélo consiste essentiellement à « descendre » de l’altiplano. Néanmoins il y a encore quelques belles côtes à venir, nous restons dans les Andes ! En partant de Tupiza, nous profitons des dernières montagnes rouges de la cordillère des Chichas le long de la rivière puis filons vers la frontière avec l’Argentine. Un pickup nous aide à passer une grosse grimpette. Tout s’organise plutôt bien et nous arrivons dans le village de Mojo le soir-même. Il nous reste 380 km et 4 jours de route. L’école du village nous ouvre ses portes pour la nuit. Antoine aide Soledad, l’institutrice, pour finir le nettoyage des classes, car demain c’est la rentrée des écoliers après 2 semaines de vacances d’hiver ! Le « seul » problème c’est que depuis quelques jours la roue libre d’Antoine fait des siennes. Après plus de 25000 km les cliquets internes sont complétement limés. Antoine perd régulièrement « l’accroche » et doit souvent pédaler dans le vide à toute vitesse pour réussir à « raccrocher ». A tel point que nous sommes parfois obligés de le pousser pour permettre à son pédalier d’accrocher. Il a beau le démonter, le nettoyer, le redémonter… Ça ne s’arrange pas et même ça empire…
Au matin il faut libérer rapidement les lieux: c’est la rentrée des classes. Ça nous arrange bien pour tenir notre programme. A 8h30, nous sommes sur les vélos. Il fait bien frais mais le soleil nous réchauffe et nous sommes bien en forme pour atteindre la frontière avec l’Argentine. Un nouveau pays à découvrir, ça motive ! Nous arrivons assez vite à Villazon, la ville frontière côté Bolivie. Antoine en profite pour faire le tour des vélocistes à la recherche d’un nouveau moyeu. Malgré toute la gentillesse des vendeurs et un essai de remplacement, il n’est pas possible de trouver le moyeu adéquat. Au final, Antoine, va réussir à réusiner les cliquets sur la meule d’un cordonnier. Cahin-caha cela devrait tenir jusqu’à notre retour en France où nous attends une roue de rechange. Nous quittons la Bolivie en début d’après midi pour la ville de La Quiaca en Argentine.
La ville est bien moins animée que côté Bolivien, mais les Argentins viennent bien volontiers à notre rencontre. Le changement de population est tellement flagrant que plusieurs fois, nous croyons avoir à faire à des touristes, qui sont bel et bien des Argentins ! Le début de la route qui nous enfonce en Argentine est assez désert, de grands champs clôturés où paissent des lamas. La route a perdu les bas côtés que nous apprécions tant et les voitures ont tendance à nous frôler.
En fin de journée après 90km, nous arrivons dans un hameau. Nous nous renseignons pour trouver un abris pour la nuit, et tout naturellement, on nous indique la mairie! C’est le secrétaire qui nous ouvre les portes du hall municipal. Le hall est complètement vitré et donne sur la rue principale du village. Mais ce n’est pas très passant. Nous nous installons dans ce lieu public sans avoir besoin de plus d’intimité. Cela nous rappelle de bons moments passés en Thaïlande quand nous dormions dans la rue sous une simple moustiquaire…
C’est à 7h que la 1ère employée de mairie arrive en enfonçant bruyamment sa clé dans la porte. Mais il y a une heure de décalage avec la Bolivie, pour notre horloge interne il n’est que 6h et nous mettons un peu de temps à réaliser ce qui se passe. Il fait encore nuit noire et nous n’avons aucune envie de nous lever. Elle ne semble pas vraiment surprise de notre présence et nous nous rendormons rapidement alors qu’elle démarre son service dans la pièce d’à côté. Une heure plus tard, il fait jour et les 1ers villageois arrivent. Maintenant, il faut vraiment se lever ! Nous essayons de nous habiller discrètement sous nos duvets et de ranger rapidement nos affaires pour ne pas déranger. Mais les gens sont aimables et personne ne nous dit rien. Le secrétaire de mairie nous offre même une plaque commémorative de la fête annuelle du fromage. Nous nous contentons d’en prendre une photo souvenir, ce sera moins lourd à porter! Un rapide petit dej, un petit coup de balai et nous voilà de nouveau en selle. Une belle et longue journée nous attend…
La route se charge progressivement de voitures, les paysages défilent, nous enchainons les kilomètres. Le vent est avec nous et après une belle côte, la pente se met dans le bon sens. Toutes les conditions sont réunies pour un record… Les enfants en rêvent et nous aussi ! Alors c’est parti pour la course d’endurance ! Nous puisons dans nos ressources, maintenons nos efforts, motivons nos enfants à coups de barres énergétiques et faisons fonctionner à plein notre mental pour tenter d’accomplir notre exploit du jour.
Réussirons-nous ?
Ouiiiiiiiiiiii !!!!
7 heures d’efforts et 154 km plus tard, nous entrons dans Tilcara et il fait déjà nuit. La journée a été longue mais le record est battu ! Hourra !
« On est des champions, on est des champions, on est, on est, on est des champions ! »
Depuis la victoire des bleus, tout le monde nous félicitait, sans vrai raison, mais aujourd’hui c’est notre victoire et ça mérite une ovation que nous nous donnons mutuellement. Nous sommes fiers de nous et pour fêter ça, nous choisissons de passer la soirée au coin du feu dans un bon resto argentin. Malheureusement, Albane ne profite pas beaucoup de la fête. Ça fait 2 jours qu’elle renvoie tout ce qu’elle mange et elle s’endort sur la table à la chaleur de la flambée.
Et on continue …
Le lendemain nous repartons tranquillement pour atteindre San Salvador de Jujuy à « seulement » 85 km de là. Il fait bon désormais, car nous avons bien baissé en altitude et le vent joue toujours en notre faveur. Les voitures sont plus nombreuses et les bas côtés n’existant plus, on se fait de plus en plus frôler. Antoine, à l’arrière, a le regard figé sur son rétro à s’en donner un torticolis. Régulièrement, il nous hurle de nous ranger, quand il voit que 2 voitures vont se croiser et que, à priori, ça ne va pas passer pour les 2 voitures et nos 4 vélos. Les Argentins ont beau être sympas, leur conduite n’est pas tout a fait en adéquation avec la présence de cyclistes. Puis brutalement, d’un claquement de doigt, le vent fait volte-face dans un phénomène que nous n’avions jamais vu auparavant. En une seconde, nous nous retrouvons face à un brutal vent glacé qui nous frigorifie. Nous perdons 15 km/h de vitesse et 12°C en l’espace de 2-3 secondes. Illico nous remettons nos vestes, nos gants et nos bonnets ! La descente n’est pas tout à fait finie, mais désormais, les kilomètres vont se payer chèrement. A midi, nous trouvons un petit resto de camionneurs où se réchauffer et reprendre des forces pour la fin de la journée. Juste avant d’arriver notre compteur affiche un joli 12000 km! Nous faisons une pause symbolique sur le bord de la route pour marquer l’instant et se féliciter de tous ces kilomètres parcourus ensemble. Que de temps passé sur nos vélos à la découverte du grand continent américain…
Arrivés à Jujuy, ouf ! Nous avons réussi. Notre contre-la-montre est gagné. Demain nous trouverons un bus pour nous emmener à la frontière bolivienne au nord-est de Jujuy et prendre notre train dans 2 jours. Mais pour l’heure, nous dénichons une petite auberge de jeunesse bien tranquille pour la nuit. Joseph sera aux anges, en dormant avec le chat de la maison !
La suite au prochain épisode …
14 Août 2018 6 Comments
Un seul train hebdomadaire pour Santa Cruz. Serons-nous à l’heure ? ?
Orly (France), 3 août 2018
Jeudi 26 juillet. Nous pédalons jusqu’au terminal de bus de San Sebastian de Jujuy en Argentine. Nous avons jusqu’à demain 16h00 pour atteindre Yacuiba à 350 km plus au Nord. Ville frontière entre Argentine et Bolivie, c’est là que nous pourrons grimper dans le train qui part chaque vendredi après-midi pour rejoindre Santa Cruz de la Sierra quelques 500 km plus au Nord. Santa Cruz est la plus grande ville de Bolivie. Située à la limite entre les Andes et l’Amazonie, c’est de là que nous avons un vol pour rentrer en Europe. Nous sommes confiants, en bus, nous avons largement le temps de rejoindre la frontière. Seulement voilà, au terminal autoroutier nous découvrons qu’aucune compagnie de bus n’est en mesure d’embarquer nos vélos. Nous avions effectivement entendu dire que ce n’était pas forcément facile de mettre les vélos dans les bus en Argentine, mais nous pensions au moins trouver une compagnie qui puisse gérer cela. Patatras… tous les bus ici sont à 2 étages, ce qui signifie petites soutes à bagages et donc pas de place pour les vélos… Il va donc falloir trouver une autre solution, et vite… Alors, comme il paraît que c’est facile de faire du stop dans ce pays, nous allons vérifier cela avec nos 4 vélos bien chargés et nos 5 petits fessiers. Challenge quand tu nous tiens… Mais pour éviter de trop nombreuses étapes, nous allons devoir pédaler un peu, enfin… seulement 70 km pour rallier la ville de San Pedro. Cela se fera majoritairement sur des voies rapides (sans bas-côté bien sûr)!!! Le kif, comme dirait Joseph. En gros, ça va nous prendre une bonne partie de la journée. Le contre-la-montre continue !
Nous faisons nos 70km sur autoroute, à un rythme soutenu et bien concentrés nous regardons peu le paysage de plaine qui nous entoure, nous roulons droit devant, le stress au ventre pour certains, l’oeil rivé sur les rétroviseurs pour d’autres. En sentant l’arrivée à San Pedro approcher, on s’aperçoit que les plaines sèches sont maintenant des cultures bien vertes de fruits et de légumes. C’est beau et surtout ça contraste avec nos 2 mois sur l’altiplano. Nous arrivons à notre lieu de stop à 15h, autant dire que l’on a bien roulé depuis 10h du matin. 1h plus tard Martin, notre ange gardien du jour, nous emporte tous dans son pick-up pour 1h30 de route. Nous sommes soulagés. En plus, il est vraiment sympa et insiste pour nous déposer à Pichanal, même si c’est bien au delà de sa destination initiale. Dans la voiture, nous traversons de grandes plaines de vergers de citrons, de maracuyas, …
Merci Martin !
Arrivés à Pichanal nous nous postons, pouce en l’air, à la sortie de la ville pendant 1h mais sans succès. La nuit arrivant nous trouvons une petite pension pour nous reposer. C’est très sommaire et pas vraiment propre, mais cela fera l’affaire. Pendant que nous commandons notre dîner, Antoine part faire un tour à la station de taxis à la recherche d’un pick-up pour demain. Il ne nous reste plus que demain jusqu’à 16h00 pour atteindre la gare et nous avons encore 150 km à faire. Cela nous parait trop risqué de tenter encore le stop demain. En rentrant, Antoine n’a pas trouvé de solution concrète. Ce n’est pas encore gagné ! Mais demain est un autre jour !
Le matin nous sommes sur la route à 7h dès le lever du soleil. Une solution se dessine avec un chauffeur de pick-up. Le prix nous semble raisonnable. Nous partons immédiatement. Nous traversons des champs de canne à sucre à perte de vue, peut être vont-ils jusqu’au Paraguay un peu plus à l’est? Géraldine est heureuse, de nombreuses autruches picorent dans les champs. Elle les aura vues ses autruches ! En fin de matinée nous sommes enfin à la frontière. Ouf! Quelques rapides formalités et nous voilà sur nos vélos en direction de la gare de Yacuiba. Le train a un coût dérisoire : 30 euros pour tous, vélos compris pour faire plus de 500 km!!! Imbattable. Bon, faut voir l’état du train… Mais nous avons réussi notre pari et nous attendons tranquillement le départ. Relax !
Une fois les vélos dans le wagon de marchandise, nous nous installons à côté de Mennonites. Des familles de blonds aux yeux bleus qui vivent en colonie aux alentours de Charaga, dans la forêt amazonienne. Ils sont habillés simplement et de manière identique: les hommes sont en salopette noire et chapeau de cow-boy ou casquette, les femmes sont en robe longue foncée aux motifs fleuris avec un large chapeau de paille sur la tête. Comme leurs cousins Amish, ils se sont éloignés du protestantisme classique, ils parlent une sorte d’allemand et se déplacent en carriole à cheval ou comme ici en train. Certains hommes viennent à notre rencontre pour savoir d’où nous venons. Il faut dire que le train que nous prenons n’a rien d’un train touristique et que nous ne passons pas inaperçus aux côtés des boliviens.
Malgré les sièges peu confortables, la poussière, les multiples arrêts et les nombreux bonds que fait le train, nous parvenons à dormir, soulagés d’avoir atteint notre objectif. 17 heures plus tard, nous débarquons à Santa Cruz. C’est un sacré changement : il fait chaud, les cholitas en habit traditionnel ont disparu, les klaxons sont rares, les bébés ne se portent plus dans le dos mais en poussette, les gens sont avenants. Nous sommes dans l’oriente bolivien!
Nous avons maintenant 6 jours pour récupérer et préparer notre retour en France. Santa Cruz n’est pas une ville touristique, tant mieux, nous nous y reposerons davantage. Antoine aura aussi la bonne idée de tomber malade. Nos derniers 15 jours nous aurons vraiment épuisés. Par ailleurs, le temps bien gris et même presque froid, ne nous poussera pas à une petite escapade dans la forêt. Repos, repos, repos, mais aussi démontage et empaquetage des vélos pour l’avion. Une activité passionnante, qui nous fait toujours tant hésiter à prendre l’avion…
Et pour ceux qui croyaient en rester là, le feuilleton continue outre-atlantique! A bientôt sur le sol français!
by leschamavelo in --> des parents, 16 - en Bolivie, 17 - en Argentine, au fil du périple 2017-18, tous les articles