Sur les bords du lac navigable le plus haut du monde

Lac Titicaca, Pérou 31 juin 2018

Qui ne se souvient pas de la découverte du lac Titicaca, en cours de géographie, assis dans une salle de classe et des ricanements qui ont suivi chez les élèves?

Bivouac au bord du lac, c’est pour ça que l’on voyage en vélo !

A 3810 m  d’altitude avec 8372 km2 et plus de 190 km de long, c’est un lac immense que nous avons choisi de longer par sa partie nord-est beaucoup moins touristique mais très agréable en vélo. Le lac est moitié Péruvien, moitié Bolivien. Nous changerons donc de pays sur ses bords.

De la casa de ciclista à Juliaca, où nous avons passé un excellent moment avec Giovanni, nous piquons plein sud-ouest en direction du lac. La sortie de la ville est un véritable dépotoir à ciel ouvert. C’est triste et franchement peu engageant. C’est ce moment que choisi un des rayons de la roue arrière du tandem pour se briser. Avec l’aide des outils de riverains nous réparerons rapidement la roue et continuerons à fuir en direction du lac. Encore une petite butte pour traverser le bourg de Capachica, ça monte bien raide et à cette altitude nous sommes vite à bout de souffle, mais tout de suite après, notre regard s’ouvre sur le lac. Cette arrivée en fin de journée est un ravissement: son immensité, ses eaux bleues marines et le calme qui y règne nous aident à oublier les déchets qui jonchent son rivage enherbé. Le soleil va se coucher, c’est l’heure où moutons, vaches, ânes et cochons sont ramenés à la maison pour la nuit. Nous sommes transportés dans un autre temps. Tout est tellement lent. Dans le village, il n’y a pas une voiture, seuls quelques collectivos (mini-bus de transport de voyageurs) circulent. C’est splendide, c’est paisible, c’est reposant. Nous avons une bonne fatigue physique. Nous sommes heureux. Une bonne soupe sous l’abside de la tente et nous retrouvons avec joie nos leggings, sous-pulls, écharpes, bonnets, draps, duvets et couvertures polaires. Engoncés dans nos épaisseurs et équipés de nos liseuses débordantes de livres passionnants, nous sommes prêts à affronter une nouvelle nuit de 12 h. De l’autre côté de la toile de tente, la voûte céleste magnifiquement étoilée attend le ou la courageux(se) qui viendra visiter ces toilettes universels pour le ou la récompenser avec un spectacle 5 étoiles (et plus…) !

Le lendemain, il fait grand beau, un petit 20 km pour rejoindre le village de Llachon et nous arrivons chez Valentin en longeant le lac. Il habite sur une petite hauteur qui domine cette gigantesque étendue d’eau avec une vue parfaite et une petite terrasse-pelouse : idéal pour planter les tentes ! L’après-midi nous partons visiter l’une des petites îles flottantes du lac avec un pêcheur habitué à arrondir ses fins de mois de cette manière. Ces îles sont entièrement fabriquées à base de cubes de tourbe assemblés et de couches de totoras, une sorte de roseau qui pousse sur les bords du lac et sert aussi à nourrir les animaux. Chaque île abrite de une à trois familles de pêcheurs qui y vivent dans une assez grande autarcie. C’est impressionnant.

Nous passons encore une journée à flâner, à lire, à se balader. Comme sur les rives du lac Baïkal lorsque nous y étions passés, l’envie de rester ici en ermite avec une pile de bouquins, nous reprend !

Nous quittons tout de même la presque-île pour continuer notre périple. Assez vite nous suivons une piste magnifique qui longe le lac en surplomb. Nous sommes seuls. Le lac est d’un bleu presque aussi parfait que celui du ciel. L’air est limpide. Au loin se découpe les sommets enneigés de la Cordillera Real bolivienne. Nous nous régalons. Le soir nous dormons entre Pusi et Taraco dans la cour de Julian. Comme tout le monde ici, il fait sécher ses pommes de terre au sol pour en faire des chuños. Une méthode qui permet de conserver les pommes de terre pendant très longtemps. La nuit il laisse les tubercules geler. Le matin, il les piétine pour en faire sortir l’eau et ainsi de suite pendant plusieurs jours. A la fin il les lave et les sèche plusieurs fois pour que les pommes de terre deviennent toutes blanches. Ça sert ensuite à épaissir les soupes, comme notre fécule. Combien de fois avons-nous vu sur le bord de la route des hommes et des femmes fouler leurs patates pieds nus et en musique. On aurait dit qu’ils dansaient ! C’est d’ailleurs peut-être ce qu’il faisaient !

Puis nous passons Huancane, Moho et Conima, tantôt au bord du lac, tantôt plus à l’intérieur sur une route goudronnée et nous nous dirigeons tranquillement vers le dernier pays de cette année de voyage : la Bolivie…

Les Chams à vélo