Attaque à mains armées

Puerto Lindo, Panama, 14 avril 2018

Préface : pour les stressés et/ou insuffisants cardiaques, rassurez-vous l’histoire se termine bien (ou presque) et toute la famille est en bonne santé.

Avant-hier après-midi, alors que nous pédalions sur nos derniers kilomètres au Panama, nous avons subi une attaque de bandits de grand chemin. Après le passage d’un pont à la périphérie d’un village, trois hommes encagoulés et armés de poignards ont surgi devant nous sur la route !

Tout se passe alors très vite. Inès et Antoine qui étaient un peu en avance sur les autres, se font violemment agresser. Deux des malfrats s’en prennent à Antoine. Ils tentent sans succès d’arracher son téléphone portable puis contournent son vélo et arrachent une des sacoches latérales. Ils repartent en courant vers la forêt poursuivis par Antoine qui s’arrête net quand l’un des deux fait volte-face avec son poignard. Tant pis pour la sacoche !

Pendant ce temps-là le troisième bandit s’en est pris à Inès et son vélo. Il tente de partir avec après avoir fait tomber Inès mais notre petite guerrière le rattrape et s’agrippe à sa monture. Géraldine qui réalise la situation fonce vers la scène. Inès reçoit quelques coups de pieds mais heureusement aucun coup de poignard. Le voleur ne pourra finalement s’enfuir qu’avec sa sacoche de guidon.

En moins d’une minute, tout vient de basculer.

Nous sommes ahuris, choqués, abasourdis.

Joseph a eu l’intelligence de rester avec Albane à l’écart de la mêlée.

Nos cris et appels à l’aide pendant la bataille ont fait sortir les habitants des maisons voisines. Une des personnes nous accueille le temps d’appeler la police et de rassurer les enfants.

Le cerveau tourne à deux cents à l’heure. Que faire? Dans quel ordre ? Qu’avons nous perdu dans la bataille ? … Et m[censure] ! La sacoche arrachée est celle contenant les habits d’Antoine mais elle contient aussi nos passeports et une belle somme d’argent prévue pour payer le bateau qui doit nous emmener en Colombie dans 3 jours ! Heureusement nos affaires sont réparties un peu partout et nous avons de l’argent ailleurs. Nos cartes bancaires aussi sont toujours avec nous. La sacoche d’Inès, quant à elle, contenait tous nos chargeurs et câbles pour nos appareils électroniques. Son téléphone et quelques autres affaires sont aussi du côté des victimes…

Appel à l’ambassade, arrivée massive des policiers armés comme pour la guerre. Géraldine apaise les enfants et surtout Inès qui est sous le choc. Pendant ce temps-là, Antoine renseigne les policiers qui partent à la poursuite des voleurs.

Nous avons peu d’espoir de retrouver quoi que ce soit mais ils font leur boulot.

Au téléphone, la Consule Générale nous assure que nous pourrons avoir des passeports d’urgence dès demain. Je lui envoie dans la foulée les copies électroniques pour lancer la procédure. Un des voisins me glisse discrètement un papier dans la main. Ce serait le nom d’un des voleurs et de ses parents. Les policiers semblent prendre la situation au sérieux. Quelques heures plus tard, nous atterrissons à l’hôtel Radisson du port de Colon escortés par les policiers qui négocieront pour nous des conditions exceptionnelles. Les enfants vont pouvoir souffler pendant qu’Antoine doit faire le dépôt de plainte.

Je vous passe les détails des procédures, les heures d’attentes, le dépôt de plainte en espagnol (très efficace pour progresser dans la langue), les échanges par WhatsApp avec le commissaire de police qui est en charge de l’enquête, les coups de fil avec la police du tourisme qui nous chaperonne.

De retour à 23:00 à l’hôtel, nous prenons le temps de faire le point et de déterminer ce que nous pouvons faire. Antoine reçoit alors un message WhatsApp du commissaire qui annonce fièrement avoir retrouvé la pochette avec nos passeports mais malheureusement rien de plus, ni habits, ni matériels et bien évidemment ni argent !

C’est une bonne nouvelle mais le fait que seuls nos papiers aient été retrouvés ne lasse pas de nous étonner …

Il nous faudra toute la journée du lendemain pour que le service de justice nous rende nos passeports après multiples paperasses. Antoine ne manque pas de leur indiquer notre plaisir d’avoir nos passeports et notre étonnement que rien d’autre n’ai été retrouvé. « Souvent les voleurs jettent les papiers » lui répond-on. C’est possible mais hier soir il a plu des cordes et notre pochette et nos papiers sont tout secs … Ah oui c’est étonnant !

Nous sommes tristes à l’idée que la police locale ne soit probablement pas très clean…

Dans notre malheur nous avons la chance d’être juste à côté d’un immense marché libre où nous avons réussi à nous ré équiper à peu près correctement.

Au final beaucoup plus de peur que de mal. Nos pertes ne sont que matérielles. Toute la famille est en bonne santé quoique bien secouée par cet accès de violence dans notre si beau voyage.

Certains diront que cela devait bien finir par arriver en circulant benoîtement dans ce monde si dangereux. De notre côté, nous ne pouvons nous résoudre à ce que cet événement malheureux efface les centaines de magnifiques rencontres que nous procurent notre aventure.

Dans la définition de l’aventure, il est écrit que c’est une activité qui comporte une part de risque. Nous l’assumons. Nous sommes secoués. Nous allons avoir un peu d’appréhension en remontant sur nos vélos mais nous ne nous laisserons pas voler la suite de notre périple par trois petits cons sans foi ni loi !

Nous embarquons demain sur un beau voilier pour 3 jours de navigation à travers les paradisiaques îles San Blas et 2 jours de pleine mer vers Carthagene en Colombie.

Nouveau pays, nouvelle étape, la vie continue !

Ce qui ne tue pas rend plus fort. Grâce à Dieu nous sommes tous en bon état !

Un immense merci à :

– Rey, le patron du club de plongée golden frog qui n’aura pas eu la chance de nous faire plonger mais qui est venu nous retrouver avec la police et nous a beaucoup aidés dans nos démarches.

– La police touristique de Colon qui m’a accompagné dans toutes les démarches et m’a servi de taxi autant que nécessaire.

– Madame Emeline Javierre, Consule Generale de France à Panama pour sa réactivité et son aide.

– Madame Sylvie Orlando, Consule honoraire de France de la région de Colon pour son accueil à Puerto Lindo

– Le personnel de l’hôtel Radisson pour sa gentillesse et son accueil.

– Nos anges gardiens que l’on ne ménage pas et qui répondent présent à chaque fois .

À bientôt pour des récits plus joyeux des Cham à vélo …