Nous l’avons fait. Et plutôt deux fois qu’une !

Chetumal, Quintana Roo, Mexique, 17 janvier 2018

Après nos « vacances » à Cozumel, nous avons repris les vélos en direction du Belize. Nous longeons la côte caraïbe de la péninsule du Yucatan. Cette zone est aussi appelée la Riviera Maya. Le long de notre route, à gauche – côté mer – c’est une succession de plages privatisées et de grands complexes hôteliers qui se sont appropriés le littoral, à droite – côté terre – c’est la jungle basse et impénétrable sauf par des petites pistes qui amènent à des cenotes, elles aussi quasi exclusivement avec accès tarifés. Les cenotes sont des gouffres remplies d’eau douce et parfois d’eau salée dans les couches plus profondes. Ces gouffres se sont formés par la dissolution du calcaire et l’effondrement du terrain. Généralement de forme circulaire, ils parsèment la péninsule du Yucatan « comme les trous d’un gruyère » dixit un guide local. Ces magnifiques piscines naturelles font partie de la réputation du Yucatan.

Jusqu’à Tulum et son site archéologique Maya, la côte est encore très touristique. Il n’aura pas été facile de trouver un interstice pour pouvoir bivouaquer simplement. Nous y arriverons sur la plage à Xpuha qui sera nôtre de 7 heures du soir à 8 heures du matin ! Nous irons ensuite voir les tortues marines sur la plage d’Akumal. Encore une grosse attraction touristique, mais aussi la joie de pouvoir nager avec juste masque et tuba en compagnie d’une tortue, qui broute un herbier marin. Cela reste magique malgré tout !

A Tulum, grâce aux conseils de Perrine et Cédric que nous avions rencontrés à Moab en Utah, nous avons été dans un petit camping hippie très rudimentaire « Playa Roca ». Pas beaucoup de place pour planter sa tente entre les moustiquaires des uns, les hamacs ou les tentes des autres. Pas d’eau potable, pas d’électricité, mais nous sommes tranquilles pour 2 nuits, le temps de visiter Tulum une matinée et de profiter des joies de la plage l’après-midi.

Le soir, nous préparons la journée du lendemain. La route s’éloignera de la côte, sera quasi toute droite et  traversera la jungle sur près de 200 km. Les distances entre les petites villes sont grandes. Les enfants décident, d’un commun accord entre eux, que ce vendredi 12 janvier 2018, nous pourrions essayer de faire une journée record !

A 8h30, tout le monde est en selle. Le vent est plutôt de face mais heureusement pas trop méchant. Le peloton est en marche en position carré: les parents devant, les enfants derrière, le tout sur la large bande d’arrêt d’urgence. La route est plate rectiligne et pas franchement passionnante : des arbres à perte de vue, de temps en temps un abribus qui indique la présence probable d’un hameau enfoncé dans la jungle. Notre enceinte bluetooth marche à plein régime avec Jain pour donner du rythme ou avec des podcasts comme « les p’tits bateaux » de France Inter, dont nous raffolons. A midi, alors que nous avons déjà fait 40km, la pause est efficace et expéditive. Sur la route, il fait chaud, les gourdes se vident. Il est 16h quand nous faisons une halte rafraîchissante au hameau de Tres Reyes. Le compteur affiche 75 km. Au rythme actuel, dans 2 heures nous arriverons à atteindre la ville de Felipe Carrillo Puerto à 30km de là. Sur cette dernière portion de route, un camping-car nous klaxonne. Tiens, eux aussi ont un drapeau français. Ils s’arrêtent quelques mètres plus loin et nous offrent des bouteilles d’eau bien fraîches. Puis nous faisons connaissance avec toute la famille des Debsaroundtheworld. Très chouette ces rencontres avec ces familles autour du monde ! Bon, mais c’est pas tout ça, il faut que nous arrivions avant la nuit si nous voulons trouver un coin pour planter notre tente, car vu notre niveau d’espagnol ça va nous prendre un peu plus de temps que sur la côte californienne… Allez go ! Nous passons la barre des 100km sous nos propres acclamations, chacun y va de son souhait pour fêter cela « resto, bonbon, douche, hôtel ou piñata ! ».

— Message spécial pour Foucauld: Tu vois, il nous aura fallu attendre plus de 5000 km pour dépasser le record fait avec toi dans les Pyrénées. Encore bravo à toi ! —

Arrivés à la ville, 5km après, nous visons directement l’église pour trouver le repos, mais le prêtre n’est pas là. Avant même que nous ayons quitté la place de l’église, un jeune cyclo vient à notre rencontre. Il s’appelle Boris, il est canadien et il loge chez le seul Warmshowers du coin à 14 km de là, plus en avant sur notre route et au beau milieu de la jungle. Antoine avait déjà contacté cet hôte et savait que nous pouvions y aller si besoin. La nuit commence à tomber, mais Boris connaît la route et nous propose de le suivre si nous voulons. Les enfants sont « chauds patates » pour poursuivre sur notre lancée et dépasser le record de 104 km du premier voyage ! Ils sont fous ! Nous allumons nos lumières, sortons les lampes frontales et suivons Boris jusqu’au centre d’accueil écologique « la casa del Jaguar » qui fait face à une petite lagune au milieu de la jungle. C’est calme, paisible et enherbé. Après plus de 120km, nous plantons les tentes, avalons rapidement quelque chose en la compagnie de Boris et nous endormons comme des bienheureux. Avec Antoine nous sommes sidérés : Nos enfants pédalent comme des pros! Ils ont l’énergie de leurs ambitions. Nous, les parents, nous sommes sur les rotules !

Et vous savez quoi…

Non contents de cette journée record, le lendemain, nous avons remis ça !!! Ce coup-ci le vent nous était favorable mais pas la roue arrière du vélo d’Antoine. En effet après démontage du moyeu, le verdict est sans appel : roulements à billes HS. Il va falloir vite trouver une solution car ça tangue sérieusement … Après cette pause mécanique imposée, notre timing est plus serré. Un air de Tour de France un jour de contre la montre a plané sur l’équipe des Cham à vélo pendant toute cette 2ème journée. Nous sommes arrivés à Bacalar à la nuit tombante après plus de 113 km.

Et finalement oui, nous l’avons fait ! 234 km en 2 jours, voilà un beau record pour les Cham à vélo !

En récompense nous sommes reçus par la famille des cousins mexicains d’Antoine, dans une magnifique villa au bord de la non-moins splendide lagune de Bacalar. Mais ça c’est une autre histoire… Affaire à suivre…

Les Cham à vélo