Yin Yang à Cozumel

Bacalar, Quintana Roo, Mexique, 16 janvier 2018

Dimanche 31 Décembre :

Nous terminons l’année 2017 en arrivant au Mexique à Cancun par un vol direct depuis Los Angeles. Fin de nos aventures aux USA et début d’une nouvelle grande étape en direction du Panama.

Pour fêter le changement d’année, nous retrouvons Thomas, sa femme Nathalie et leurs enfants: Léonie, Paul, Adèle et Romane. Thomas est le frère aîné d’Antoine. Avec sa famille, ils nous ont fait la joie de venir de l’autre côté de l’Atlantique pour partager avec nous une semaine au soleil sur l’île de Cozumel. Au programme : plein de bon temps en famille, balade à vélo (évidemment!) et plein de plongées à la découverte des richesses sous-marines des récifs coralliens locaux…

Mardi 9 janvier :

2 jours après le départ des cousins de Toulouse, nous quittons, nous aussi, l’île de Cozumel et Pablo, l’hôte Warmshowers avec qui nous avons passé 2-3 jours. Après une grosse semaine sur cette île « paradisiaque » nous avons des sentiments très contrastés…

Bonheur

Nous sommes très heureux d’avoir pris des « vacances » dans notre voyage et d’avoir retrouvé un peu de notre famille. Les enfants ont profité à fond de leurs cousins et les parents étaient très heureux de se retrouver. Voilà une bonne bouffée d’air dans notre vie de famille itinérante ! Nous avons aussi eu la chance de partager de superbes plongées avec parents et enfants sur ce magnifique récif des Caraïbes. La vie marine y est spectaculaire: poissons multicolores, raies aigles, barracudas, tortue verte, coraux, langoustes… Joseph et Inès en ont profité pour passer, avec succès, leur 1er diplôme de plongée: PADI Open Water Diver. Un grand merci à leur oncle Thomas pour les cours du soir et les explications détaillées. Top !

Heureux aussi d’arriver dans un pays très coloré et joyeux. De retrouver cette ambiance relax « caraïbe ». Heureux de retrouver plein de fruits savoureux, des jus délicieux, des cocos fraîches et globalement de la bonne nourriture à base de guacamole, tacos, tortillas, quesadillas, ceviche et autres merveilles de la cuisine locale. Re-top !

Trop contents de retrouver des cocos fraîches

Nous sommes également heureux d’avoir fait la connaissance de Pablo, membre « Warmshowers » présent sur l’île. Très impliqué dans son accueil, il nous a permis de rencontrer des pêcheurs locaux, de comprendre un peu mieux leur mode de vie, leur pratique de la pêche, et aussi de déguster tous ensemble de délicieux poissons et des langoustes magnifiques ! Après le départ des Toulousains, Pablo nous a accueillis dans sa maison en construction. C’était sport et rudimentaire mais nous avons réussi à trouver un espace pour la tente. Pour notre dernier jour, nous avons fait le tour de l’île avec Pablo et découvert de superbes plages désertes. Re-re-top !

Amertume

Nous ressentons toujours une certaine amertume quand nous nous arrêtons dans ces zones « réputées ». Alors que  les paysages sont superbes, les eaux cristallines, la faune exceptionnelle et la vie locale si facile pour nous, pourquoi cette amertume? Il nous faut un certain temps pour réussir à en comprendre la raison. Elle n’est pourtant pas si compliquée: dans ce type de lieu, il nous est difficile de nous sentir « voyageur ». Nous redevenons simple « touriste-consommateur ». Cela ne correspond pas à notre voyage et pour autant nous avons envie de voir ces lieux si magnifiques…  Nous sommes alors un peu pris dans la nasse du tourisme de masse et de ses effets négatifs. Nous nous sentons un peu coupables de participer à ce phénomène…

Une fois de plus dans nos pérégrinations sur la planète, nous percevons les limites de ce tourisme « à la chaîne ». A Cozumel, s’arrêtent chaque jour entre 3 et 6 immenses paquebots qui déversent chacun jusqu’à 3500 croisiéristes… Imaginez le raz de marée sur une île qui fait 50 km par 15 … Dix à quinze milles personnes faisant escale pour du visite-shopping, bronzette sur les plages – souvent privatisées – ou pour un tour rapide et bruyant en buggy sur la seule route de l’île. Dans la rue commerçante de l’unique village se suivent les bijouteries, les magasins de souvenirs et les restaurants, où tout se paye en dollars US. L’île est une usine touristique. La typicité du lieu a bien disparu et Cozumel ressemble à tant d’autres îles « paradisiaques ». Remplacez les « tacos-guacamole » par un « curry-coco » et vous voilà sur Koh Samui en Thaïlande… Quel dommage cette standardisation marchandisée du tourisme de masse ! Flop !

Amers aussi en voyant tous ces déchets sur les plages publiques et le long de la route. La gestion des déchets doit être un véritable casse-tête sur une si petite île avec tant de vacanciers, c’est certain. Et en même temps, tout le monde semble s’en accommoder: les touristes qui veulent vivre leur rêve et s’arrangeront pour cadrer la photo en évitant les immondices, les compagnies de croisières qui auraient largement assez d’argent et d’influence pour améliorer cela si c’était une priorité pour elles et enfin les locaux qui utilisent des quantités astronomiques d’emballage plastique pour vendre le moindre tacos, boisson ou souvenir made in Cozumel-China. Ça fait mal au yeux et surtout mal au cœur en pensant aux animaux qui vont probablement ingurgiter un jour ou l’autre un morceau de tout cela ! Re-flop !

La différence de niveau de vie entre les visiteurs et les visités est aussi une vraie claque. Ce grand écart magistral permet aux visiteurs de vivre comme des rois à pas cher et aux visités les plus mercantilement avisés d’en tirer une véritable manne financière. Mais pour la grande majorité des autres c’est triple peine, une transformation radicale de leur île, des prix tirés vers le haut et pas de réels bénéfices pour eux. Il suffit de comparer les maisons des locaux et celles pour les touristes, de comparer le prix du poisson en direct des pêcheurs (25 pesos) et celui du plat dans les restos (150 à 350 pesos), pour comprendre que cette île est à la fois le résultat et l’exemple de l’insoutenable disparité des niveaux de vie dans le monde. Re-re flop !

Il est grand temps pour nous de reprendre nos vélos pour descendre plus au Sud de la péninsule du Yucatan. La pression touristique y sera probablement moins forte. En selle !

Les Cham à vélo