Du Colorado au Nevada, sur la route des parcs de l’Utah : épisode 2

San Francisco , 27 novembre 2017

… Suite de l’épisode 1

Dans le Désert: Faire face au vent et persévérer

Après notre bonne pause dans la zone de Moab, nous continuons notre route vers l’Ouest au milieu de paysages grandioses.

Nous nous attendons toujours à voir la diligence débouler avec une horde d’indiens à ses trousses ou bien un poor lonesome cowboy sympathique. Mais nous croisons essentiellement des gigantesques caravanes tirées par des gros pickups ou des camping-cars de la taille de bus grand tourisme. Ici, cela s’appelle un Recreational Vehicule : RV ( que vous prononcerez « Are Vi » et non pas « Hervé »). Un RV digne de ce nom tracte en général un 4×4 derrière lui et parfois même un buggy sur une remorque à la suite du 4×4. Ici, on voyage léger!

Joseph vous donne une idée de la taille

A défaut de voir la bande de John Wayne sur la route, nous nous consolons en visionnant quelques grands westerns classiques le soir sous la tente (merci Thomas pour les fichiers).

Notre parcours alterne entre routes bitumées et pistes de plus ou moins bonne qualité.

Nous faisons régulièrement fuir des troupeaux de pronghorns, les antilopes américaines aux cornes noires et aux fesses blanches (les mêmes que dans l’épisode 1). Nous aurons même la chance de voir un coyote couper la piste juste devant nous après la ville de Greenriver (voir les cartes détaillées du trajet par ici si vous le voulez).

Nous traversons de grands espaces, sur des routes toutes droites où parfois le vent nous joue des tours : le matin dans un sens et l’après-midi dans l’autre… Sans végétation pour le freiner, sa violence nous secoue. Des boules d’épineux, appelés virevoltants, roulent comme dans la rue principale des westerns avant un duel viril entre le héros et le méchant. Pour nous pas de duel, rien ne sert de se battre contre le vent. Nous prenons notre mal en patience, nous réduisons la vitesse et avançons modestement en essayant de penser à autre chose ! Ce fut le cas près de Hanksville, où après une belle pause douche/lessive nous repartons avec un vent en pleine face, jouant entre les parois des falaises, chassant parfois à droite, parfois à gauche et finissant par nous saper toute énergie. Énervés et frigorifiés, nous plantons notre tente derrière un buisson dans une zone sans intérêt. C’est à ce moment-là que nous voyons Mauro luttant sur son vélo, comme nous quelques minutes auparavant. Il est Suisse et voyage à vélo depuis 2 ans. Nous passons une sympathique soirée ensemble sous l’auvent de notre tente à partager du riz pâteux et du chocolat…suisse!

Pas d’hôtes Warmshowers sur notre route et rarement des villages quand il est l’heure de se poser, nous enchaînons les bivouacs plus ou moins sauvages. Quand il y a des ranchs nous demandons un lieu pour nos tentes. Les échanges avec les ranchers dans cette zone sont assez sommaires. Nostalgie des accueils spontanés québécois …

Dans les montagnes: Surmonter les côtes et s’envoler

Notre route change, nous quittons les plaines et les cottonwoods dorés le long de la rivière Fremont et prenons de l’altitude à travers le parc national Capitol Reef aux couleurs d’automne.

Le 28 octobre nous attend notre plus fort dénivelé, tous voyages confondus! 50 km pour atteindre un col à 2940 m. Serons-nous au niveau pour le passer dans la journée et éviter une nuit au froid à cause de l’altitude? Notre coach familial booste notre mental, nous sommes prêts à croquer ces interminables montées dont certaines dépassent allègrement les 12%. Albane descend parfois du tandem pour marcher un peu à côté de nous. Les épineux des plaines laissent place aux résineux de la montagne. C’est vert et ça fait du bien! A 17h nous arrivons enfin en haut. Une belle victoire pour la famille! Nous avons tout juste le temps d’embrasser du regard le paysage devant nous avant de dégringoler les 17 km de descente à 50 km/h de moyenne. C’est grisant !

Mais ce n’est pas fini, nous avons encore quelques jolis dénivelés à nous mettre dans les jambes. Après Boulder et son musée sur les premiers habitants amérindiens nous enchaînons avec la célèbre Scenic Byway 12 qui suit une crête entre 2 canyons. Cette route est réputée pour sa beauté. C’est époustouflant! La vue est aérienne à 360º. Nous avons presque l’impression de voler.

Nous y croisons de nombreux autres voyageurs. Après nous avoir vus plusieurs fois sur la route, certains sont curieux de savoir qui nous sommes et ce que nous faisons. L’occasion d’échanges bien sympathiques comme avec Martha et Ben (cf. article oui oui nous sommes encore vivants).

Ce dimanche soir nous arrivons à Escalante et nous tombons par hasard sur la petite maison-église catholique de la ville. La célébration est en cours. Tant pis, nous saisissons cette chance. Ce ne sera pas la première fois que nous arriverons en retard à la messe… A l’intérieur une dizaine de paroissiens plutôt âgés. Notre arrivée, avec nos shorts poussiéreux, nos visages de « bronzés font du ski » et nos 3 petites têtes blondes, ne passe pas inaperçue. Nous avons même le droit à un mot de bienvenue.

A la fin de la célébration nous sommes invités à planter les tentes dans le jardin de l’église, à profiter de la douche et de la cuisine pour dîner au chaud sur une vraie table. Pour une fois, nous pouvons prolonger un peu la soirée, car d’habitude après le coucher du soleil, vers 18h30, le froid arrive vite et nous invite à rapidement rejoindre nos duvets. La nuit les températures tournent autour de zéro positivement ou négativement au gré de l’éventuelle couverture nuageuse.

Sans accueil en dur, nos soirées se font à l’abri du vent et du froid dans la tente

Les Cham à vélo survivront-ils à ces températures négatives?

Quels autres parcs nationaux auront-ils la chance de découvrir?

Vous le saurez dans le prochain épisode …

Les Cham à vélo