Flâneries québécoises à bicyc’ (3)

Montréal, le 2 octobre  2017

Flânerie n°3: Sur la route des Navigateurs, des baleines et des bleuets

Après une belle halte à Québec, nous avons pris le traversier le 1er septembre pour aller sur la rive sud du fleuve Saint-Laurent. Cap à l’Est sur la route des Navigateurs! Ceux-là mêmes, qui, au 16ème siècle, remontèrent le fleuve à partir des îles du Labrador jusqu’à Québec puis Montréal et au-delà. Nous suivons la route 132. Elle est plate, peu empruntée et très plaisante. Nous traversons de jolis paysages agricoles avec régulièrement, un bon vent dans le dos. Les 1ères journées fraîches arrivent et les pauses à midi se raccourcissent, car il fait parfois bien frais quand le soleil joue à cache-cache avec les nuages. Le soir, nous ne traînons pas trop, surtout si nous dormons sous la tente, ce qui n’arrive pas si souvent en fait …

En effet, les Québécois ont un sens de l’accueil exceptionnel ! Rares sont les jours où nous n’avons pas reçu une réponse favorable dès la première demande. Partout, ils ont été extrêmement chaleureux et généreux, nous ouvrant très fréquemment la porte de leurs maisons au lieu de nous laisser planter la tente dans leur jardin. Quel confort de bénéficier d’un bon lit ou d’une place au sec dans un garage aménagé plutôt que de devoir monter les tentes et surtout les sécher le matin quand elles sont dégoulinantes de condensation.

Mais plus que ce confort matériel appréciable, le vrai bonheur c’est que, chaque soir ou presque, nous avons eu le plaisir de partager le repas avec nos hôtes. Nous avons donc pu mieux les connaitre, découvrir des nouveaux métiers, des modes de vie différents, apprendre des anecdotes sur le pays, son histoire, ses coutumes, ses pratiques culinaires… Bref s’immerger vraiment dans une culture nouvelle et apprécier la diversité de nos rencontres.

Un soir, Normand nous initie à la faune locale. Il nous emmène visiter le barrage et la hutte des castors; puis nous montre les ours, orignaux, chevreuils et autres lynx qu’il a pris en photo avec sa caméra, fixée sur l’arbre au bout de son terrain. Dans son jardin, il n’oubliera pas de nous montrer les crottes des ours noirs qui viennent régulièrement manger les pommes dans l’arbre, à 15 m de là où nous avons planté la tente… (dans le doute Antoine a entretenu le feu de bois toute la nuit…)

Une autre fois, c’est Valérie et Christophe qui nous expliquent le système de santé au Québec et nous parlent de leur périple à vélo en autonomie en Alaska.

Quelques jours plus tard, nous en saurons plus sur la fabrication des bottes en peau de castors et sur la règlementation de la chasse au Québec.

Un peu plus loin, Micheline et Gaston, nous accueilleront 2 jours, le temps pour nous d’aller consulter un médecin en raison d’une belle petite infection dermatologique chez Inès (Quelques antibios et l’affaire a été vite réglée). Gaston nous a même fait profiter d’un aller-retour en voiture vers l’hôpital le plus proche pour nous faciliter la vie.

Nous avons aussi rencontré une céramiste, un ingénieur télécom, un chirurgien, une institutrice, une infirmière, des agriculteurs, des travailleurs du bois, une massothérapeute, des jeunes diplômés, une retraitée, des médecins, un ingénieur R&D en cyclisme, un géomètre, une entraineuse de natation, un consultant-coordonnateur en intervention de plein air, des chasseurs …

Si avec tout ça nos enfants n’arrivent pas à trouver une vocation qui leur convienne !

Non contents de nous accueillir chez eux et de nous faire bénéficier de situations et vues exceptionnelles (au bord de lacs, du St Laurent, sur une plage du lac St-Jean,…) nos hôtes se font souvent un honneur de nous préparer les petits-déjeuners, avant de nous autoriser à repartir avec des haricots ou tomates du jardin, des bleuets, du filet d’orignal, des beignets,… ou bien encore une super paire de chaussettes bien chaudes pour Géraldine !

A travers toutes ces rencontres nous avons aussi pu apprécier la cuisine et les produits locaux. Un grand merci à Nancy pour son délicieux hot chicken, à Helaine et Régis pour la découverte du doré (excellent poisson du lac St Jean) et de la viande d’orignal, à Sylvie pour son dessert de rice-crispy aux marshmallows – ils étaient écœurants! – comme on dit par ici. Nous ne comptons plus les verres de vin et les dégustations de bières des microbrasseries locales !

Nancy nous fait découvrir le hot-chicken

Quelle hospitalité! Nous avons passé de bien joyeuses soirées et avons tissé des liens tout au long de notre route. C’était vraiment le fun! Toute la richesse de notre voyage se trouve là, dans ces rencontres improvisées, dans tous ces moments partagés.

Mais reprenons notre route. Nous avons donc laissé Québec pour rejoindre Rivière du Loup, où nous avons de nouveau pris un traversier pour atteindre St Siméon dans le Charlevoix. De-là, direction la route des baleines.

Il commence à faire bien froid le soir, et entre St Siméon et Tadoussac, la route 138, en pleine forêt, est plus montagneuse. Ça monte, ça descend et ça re-monte, … Chacun grimpe à sa façon: Antoine sur son « camion » chargé et Albane et Géraldine sur leur « bus »  montent très tranquillement en transpirant à grosses gouttes. Joseph, lui, monte vite, puis s’arrête, reprend son souffle, nous attend, puis accélère de nouveau et nous double pour rejoindre sa grande sœur au sommet. Inès, en bonne grimpeuse, attaque la côte d’un trait pour nous attendre en haut, victorieuse, et se préparer pour la suivante. Chacun à leur façon les enfants nous épatent ! Ils ont une sacrée énergie !

À Tadoussac – « The place to be » pour observer les cétacés – nous filons vite au centre d’interprétation des baleines, pressés d’en connaître d’avantage sur elles (voir l’article de Joseph sur le sujet). Pour le moment nous n’avons encore rien vu, mais nous comptons bien nous offrir une petite croisière en bateau pour les approcher. La pluie commence à tomber et s’annonce pour rester bien présente les prochains jours. Après une petite hésitation, nous décidons de nous « offrir » une pause en auberge de jeunesse. Les enfants sont ravis d’aller à « l’hôtel ». Inès est particulièrement fan de ces ambiances de voyageurs, où tout le monde soupe sur une grande table et où les discussions s’engagent facilement.

Cette auberge est gérée par une association où le personnel est en partie bénévole. Le soir, le président de la structure nous explique notamment qu’une seule société de bateaux détient le quasi monopole des croisières pour la nouvelle « chasse touristique à la baleine ». L’observation des baleines est un tourisme très lucratif et des milliers de gens, comme nous, viennent ici pour les voir. Cela représente de nombreux bateaux, qui sillonnent chaque jour le Saint-Laurent pour repérer (déranger?) les cétacés. Et notamment les bélugas, dont la population continue de diminuer, alors qu’ils sont protégés depuis plusieurs dizaines d’années. La pollution de l’eau, la présence de trop nombreux bateaux sont probablement les causes d’une disparition prochaine… Nous décidons donc d’aller voir les baleines, de la manière qui nous paraît être la plus en accord avec nos convictions : en kayak de mer ! La suite vous la connaissez, Joseph vous en a déjà parlé ici.

A la rencontre des baleines en kayak !

Nous n’avons cependant pas envie d’en rester là. Nous sommes tellement admiratifs du spectacle offert par dame Nature, que nous en redemandons! Nous partons encore un peu plus au Nord-Est pour voir les baleines de plus près, directement depuis la côte. En 1/2 journée nous sommes au camping « le paradis marin » aux Grandes Bergeronnes. A cet endroit précis, il y a un haut fond, riche en plancton, où les petits rorquals ne cessent de passer pour se nourrir. Nous voyons donc défiler sous nos yeux des rorquals à quelques dizaines de mètres et parfois même quelques mètres de nous. La nuit, leurs souffles tranquilles et puissants nous rappellent leur présence. Nous dormons au bord de l’eau. Le spectacle est magique!

Après 2 jours d’observation, nous quittons le fleuve St-Laurent pour longer vers le Nord le fjord du Saguenay par la route 172. Nous allons rejoindre le lac St-Jean pour en faire le tour par la véloroute des bleuets.

Nous approchons de la mi-septembre, commence pour nous la saison des anniversaires…

12 septembre : Anniversaire d’Antoine, 39 ans : Ce matin là, nous nous réveillons dans le jardin de Thérèse et Michel, non loin du village de Sacré-Cœur. Au petit-dej Thérèse fait une surprise à Antoine en lui apportant… un gâteau avec des bougies et un sac de beignets avec un pot de fraises au sirop à emporter en cadeau. Sur une indiscrétion d’Albane, Thérèse avait filé la veille au soir pour acheter un gâteau au magasin le plus proche. Le soir de cette journée si bien commencée, ce sont les enfants qui offrent leurs cadeaux: dessins, mots doux sur des cartes en 3D faites maison tente, bons pour de multiples services, massages, bisous, et petit film réalisé patiemment dans leur tente studio. Antoine est comblé !

15 septembre : Anniversaire d’Albane, 8 ans: La soirée est prévue chez Nancy, notre hôte Warmshowers à Roberval. Un bon gâteau fait par sa maman chérie, des playmobils offerts par ses frère et sœur et une visite en famille au zoo Sauvage de St Félicien, où nous irons le lendemain. C’était le top! Joseph avait même prévu un petit feu d’artifice lors de la pause du midi. Albane vous racontera peut-être tout ça dans un prochain article.

20 septembre: Anniversaire d’Inès, 13 ans: Après une belle journée sous le soleil et sur les pistes forestières du parc national de la Pointe Taillon au bord du lac St-Jean. Nous débarquons au hasard chez Helaine et Régis qui habitent une jolie maison dans un endroit magnifique. Une fois les tentes plantées. Hélaine nous propose d’aller faire un bon feu de camp sur la plage pour manger. Et comme si cela ne suffisait pas, Elle nous donne un kit de smore’s (biscuits, chocolats, marshmallows) à griller sur le feu. La soirée se finira en beauté en barbotant dans leur spa bouillonnant et multicolore. Inès est aux anges. Nous aussi. Les choses s’organisent toujours de façon épatante. Les enfants n’en doutent plus. Il y a bien un Gentil Organisateur là-haut qui nous facilite la vie ! Quelle magnifique soirée d’anniversaire improvisée. A sa demande nous reportons le soufflage officiel des bougies de quelques jours pour fêter cela avec nos cousins à Montréal.

Nous terminons le tour du lac St Jean en beauté via des chemins dans la forêt. Nous découvrons les douces couleurs de l’automne sous un soleil chaud et resplendissant. C’est vraiment superbe.

Une dernière nuit à Jonquière chez de supers hôtes Warmshowers et nous avons pris un train le 24 septembre pour rentrer à Montréal. Un train dans sa plus simple expression: une locomotive, un wagon de voyageurs et un wagon de marchandises (où il a été facile d’installer nos vélos, youpi !). Outre une grosse session d’apprentissage pour les enfants, le voyage a été l’occasion d’une belle journée de repos à contempler les rivières, les lacs et les grandes forêts qui commençaient à virer au rouge.

Nous voilà donc depuis une semaine comme des coqs en pâte à Montréal chez nos cousins Benoîte, David et leurs trois enfants. Benoîte, vous la connaissez tous (ou presque). C’est l’une de nos lectrices les plus assidues et c’est la grande gagnante du concours lancé par Inès au Vietnam ! Une aficionado de la première heure, quand on parle du voyage c’est parfois elle qui nous remémore nos anecdotes… Bref c’est la fête en famille. Nous sommes comme à la maison et nous prenons du bon temps tout en préparant activement la suite de nos aventures ! Un immense MERCI à tous les 5 de nous avoir fait découvrir votre façon de vivre, vos amis, votre ville et ses alentours. Merci aussi de nous avoir facilité la logistique de nos « magasinages »et démarches. Vous êtes top ! Nous sommes fiers d’être vos cousins !

Nous sommes vraiment ravis de cette belle étape au Québec et n’avons qu’une envie: revenir flâner par ici en hiver! Même si certains panneaux nous annoncent que c’est interdit !!!!

Nous parlons la même langue … ou presque !

Les Cham à vélo