Impressionnante Mongolie !

Sükhbaatar, Mongolie, 19 mai 2016

La Mongolie.

Depuis longtemps ce pays nous faisait rêver. C’est d’ailleurs cette destination qui a orienté tout notre périple depuis Montpellier. C’était notre objectif, nous souhaitions chevaucher en famille dans les vastes étendues mongoles.

Autant vous dire que nos attentes étaient grandes quand nous sommes montés à Pékin dans le trans-mongolien en direction d’Oulan-Bator. Et comme ce blog n’est, ni House of Cards, ni Star Wars, je n’ai aucun scrupule à vous « spoiler » la fin de l’histoire: Nous partons de ce pays avec les yeux remplis de paysages à couper le souffle, les têtes pleines de nos rencontres avec des gens exceptionnels et le sentiment d’avoir vécu pleinement des moments privilégiés en famille.

Épisode 1 : Premiers contacts

Notre premier réveil en Mongolie fut au beau milieu du désert de Gobi, à contempler le lever du soleil sur les dunes et les chameaux, bien au chaud dans les couchettes du train. Une demi-journée plus tard et quelques tempêtes de sable plus loin, nous sommes arrivés à Oulan-Bator. Le temps de se couvrir avec tout ce que l’on peut pour combattre la température négative et le vent glacial, le temps aussi de  lancer nos démarches pour notre visa russe (un vrai bonheur administratif celui-là…) et nous voilà arrivés chez Begzsuren (Warmshowers of course !) qui nous accueille avec sa femme et ses enfants dans leur yourte familiale. Nous sautons à pieds joints dans l’univers mongol: un climat rude, des conditions de vie très sobre et une chaleur humaine qui rend tout simple, facile, amusant, joyeux.

Après nous être lavés les mains, nous nous saluons tous et commençons notre apprentissage de la vie mongole.

Dans la yourte tout s’organise autour du poêle. Il sert de cuisinière, de chauffe-eau et de chauffage. Ici, il fonctionne essentiellement à la bouse séchée et on apprécie beaucoup sa chaleur quand il redémarre le matin pour « déglacer l’ambiance ».

Après le diner, tout le monde pousse la table, les tabourets et tout ce qui peut traîner. C’est l’heure d’étaler au sol de gros feutres de laine de mouton en guise de matelas.

Un petit tour dans les latrines sèches au fond de la cour (pas la peine de prendre de lecture, à -5°C on ne reste pas longtemps au dessus de la fosse) et on retourne vite se mettre au chaud dans son duvet.

Begszuren et sa famille, sont très attentifs à leur alimentation et au respect de l’environnement. Chez eux rien ne se perd, tout se réutilise. Ils vivent à 5 avec 40 litres d’eau par jour (70 les jours de grande toilette), se chauffent avec de la bouse de vache, n’achètent volontairement quasiment aucun produit industriel, préparent tous leurs aliments quotidiennement, réutilisent les eaux usées pour l’alimentation des animaux, … Leur yourte est faite de matériaux naturels (bois, laine, tissus, …), une grande partie des outils et du matériel pour soigner leurs vaches sont faits en matériaux de recyclage avec peu de moyens mais beaucoup d’intelligence.

La seule chose qu’ils dépensent sans compter, c’est leur joie de vivre et c’est drôlement communicatif, comme chacun sait.

Nous sommes émerveillés par cette famille qui semble si bien adaptée aux enjeux du XXIème siècle. A travers ce genre de rencontre, en pleine introspection, nous prenons pleinement conscience du sens du mot « bobo ». Nous avons encore du chemin à parcourir pour être complétement en phase avec nos idéaux.

Épisode 2 : Luxe, calme et chevauchée

Nous quittons la famille de Begzsuren pour commencer nos « vacances dans nos vacances » : un circuit tout organisé, rien que pour nous, de 5 jours en itinérance à cheval dans la vallée de l’Orkhon. Le grand luxe: rien à penser, prévoir, planifier, kilométrer, acheter, solliciter, réparer… juste à profiter du plaisir d’être à cheval en famille, des paysages fabuleux, des cieux incroyables, des troupeaux divers et variés, de la faune sauvage, des rencontres sympathiques et intéressantes, de l’expérience de notre guide Oyouna, de la gentillesse de Mendee (le chauffeur), du calme et de l’efficacité des propriétaires des chevaux (Mordor et Charaz), du confort douillet des yourtes bien isolées, des pauses déjeuners avec plat chaud, … Une parenthèse hors du temps et inoubliable. Albane vous en raconte un peu plus ici.

– Pour info nous avions sélectionné l’agence Horse Back Adventure pour organiser tout cela et il faut dire qu’ils ont été au top du début à la fin. Si vous êtes tentés par cette aventure fabuleuse, consultez-les, ça vaut vraiment le coup. Encore un grand merci à eux ! –

Épisode 3 : C’est dur mais magique

Après cette expérience équestre, nous avons repris nos montures de métal pour faire le trajet retour vers Oulan-Bator. Le périple à vélo a commencé péniblement dans la neige à Karakorum avec la casse d’une fixation de sacoche sur le « camion » maladroitement piloté par Antoine. La journée continuant en poussant les vélos sur une piste de neige et de boue impraticable, le bivouac près d’une yourte et la possibilité de manger au chaud avec nos hôtes ont été les bienvenus. Nous avons appris à dormir par des températures à -10°c au compteur dans la tente à 4h du matin. Et surtout, à sortir de nos duvets quand le thermomètre atteint péniblement les 0°C. Notre parcours empruntait des pistes qui alternaient entre portion roulante, boueuse, herbeuse, sableuse, poussiéreuse, en tôle ondulée, en graviers, … C’était très fatiguant et nous avons passé 2 jours à pousser fréquemment nos vélos sur de nombreux kilomètres. Au rythme d’un village par jour, il ne faut pas les rater pour faire les approvisionnements en eau et en nourriture. Les conditions étaient « sportives » mais nous avons tous beaucoup apprécié de retrouver le rythme des bivouacs et des pique-niques en pleine nature. La météo capricieuse (grosses bourrasques et chutes de neige) nous offrira d’ailleurs l’occasion de prolonger un bivouac pour une journée de plus. Malgré la nécessité de rationner l’eau, les enfants ont beaucoup aimé cette journée coincée dans la tente et sous les duvets. Le retour sur l’asphalte nous permettra d’améliorer notre kilométrage mais le vent changeant s’occupera de nous apporter un peu de variété sur cette longue ligne droite. Ces 400 km nous auront aussi permis de mieux connaître la vie des familles d’éleveurs en Mongolie.

Épisode 4 : Le repos des guerriers

Nous arriverons à Oulan-Bator heureux mais épuisés et sales comme rarement dans ce périple (2 douches en 15 jours…). Les épisodes de pistes sableuses, particulièrement compliquées à gérer en vélo couché, auront eu raison d’un genou d’Antoine et nous espérions vraiment que quelques jours de repos remédieraient à cette douleur (ce qui fut le cas, ouf!).

Après une super soirée chez Froit, racontée par Joseph ici, nous nous sommes posés quelques jours dans un petit hôtel pour nous décrasser, laver nos habits, réparer nos vélos, souffler, nous instruire sur papier et visiter la ville. C’est bon le confort d’une douche chaude et d’un lit identique plusieurs nuits de suite. Après 3 lavages, nos habits sont enfin acceptables, après 3 nuits, nos corps sont assez reposés. Nous retournons avec bonheur passer quelques jours de plus avec Begzsuren et sa famille dans leur yourte au nord d’Oulan-Bator. En quelques jours nous auront aussi l’occasion de croiser plein de confrères à vélo ou en tandem : partage d’expériences, d’itinéraires et de bons tuyaux au programme.

Épilogue : Leurs visas russes en poche, ils partirent pour la Sibérie … mais avant de quitter la capitale, ils ont eu la joie de visiter l’hôpital d’Oulan-Bator ce matin même … Son genou tout juste remis, Antoine s’est offert un joli salto sur douche avec à l’arrivée, une épaule démise (et remise), un pouce en vrac et une belle entaille de 3 cm dans le scalp ! Impressionnant (comme la Mongolie) mais rien de dramatique. Quelques points de sutures et 3 heures plus tard nous pédalions (vive la position du vélo couché pour les épaules en vrac) vers la gare pour attraper un train en direction de la frontière russe.

Ah, oui, je sais, beaucoup de texte et aucune photo. C’est frustrant hein ?

Rassurez-vous, en même temps que cet article, vous trouverez la parution de « La Mongolie en images » qui vous en mettra plein les yeux (nous l’espérons).

Les Cham à vélo