Pédaler et apprendre

Ou comme le dit le proverbe : « les voyages forment la jeunesse »

C’est au siècle des lumières que la promotion du voyage comme outil d’éducation a été mis en avant. C’est vous dire que ça ne date pas d’aujourd’hui! Un de nos objectifs dans ce périple est l’ouverture de nos enfants au monde, ses habitants, ses paysages, ses coutumes… Pour cela il suffit d’observer, de rencontrer, d’écouter, bref de mettre tous ses sens en éveil. Nous aidons nos enfants à la découverte. Nous les accompagnons dans ces nouvelles contrées. Nous essayons de leur donner des clés de compréhension pour qu’ils « vivent » le monde. Il n’est pas question pour nous de leur mettre la tête dans les livres plus d’1 heure par jour. Ce n’est pas notre philosophie du voyage et c’est incompatible avec les contingences liées à notre nomadisme.

L’instruction en famille

Au début, j’étais assez inquiète sur le volet apprentissage. J’ai donc cherché du côté des associations d’instruction en famille ou homeschooling, dont voici quelques liens intéressants:
http://leportaildelief.com
http://laia.asso.free.fr
http://www.cahiers-pedagogiques.com/L-instruction-a-domicile-la-famille-meilleure-que-l-ecole
Puis nous sommes allés voir le film « Etre et Devenir », que je conseille vivement. En sortant je me suis dit : Ce que mes enfants vont apprendre pendant un an est en dehors de toute référence scolaire, mais c’est l’éducation que nous souhaitons leur donner, car elle porte nos valeurs. Avec Antoine, nous avons décidé:
1- de nous faire confiance, sur nos capacités de parents à instruire nos enfants
2- de faire confiance à nos enfants, sur leurs capacités à apprendre et à développer leur propre personnalité
Et depuis je ne suis plus inquiète! Ni Antoine non plus qui n’avait d’ailleurs pas vraiment de stress sur ce sujet.

Et l’école?

Je suis ensuite allée rapidement à la rencontre des professeurs de nos enfants, pour avoir leurs avis sur la question. Ils ont tous accueilli notre projet avec beaucoup d’enthousiasme et nous ont rassurés sur la capacité de nos enfants à reprendre une scolarité normale au retour. Ils pourraient sûrement rattraper le train en marche et retrouver leurs copains/copines dans la classe supérieure. Excellente source de motivation pour les enfants; pour nous parents, ce sera la cerise sur le gâteau. Mais nous verrons bien… Les professeurs ont aussi été de bon conseil pour le choix des ressources.
Un grand merci à eux pour leur aide précieuse sur le sujet et pour leur suivi depuis notre départ.

Concrètement ça se passe comment?

Pour instaurer un rythme et des repères pour les enfants, il est important que les apprentissages aient lieu tous les jours à la même heure (oui même le dimanche). Alors quand? Le matin c’est un peu rude au réveil, les enfants ne sont pas bien réveillés, nous avons tout à ranger et hâte de partir. Le soir, nous sommes fatigués de la journée. Nous devons nous installer pour la nuit. Et si nous avons la chance d’être accueillis, nous profitons de la rencontre avec nos hôtes. Finalement, le moment qui convient le mieux, c’est en début d’après-midi. Mais en Europe, les apprentissages avaient plutôt lieu le soir, car la durée du jour était trop courte pour nous permettre un long arrêt à midi. Maintenant que nous sommes en Asie, et qu’il fait trop chaud pour pédaler entre 12h et 15h, nous sommes totalement disponibles pour nos enfants à ces heures là. Du coup, les apprentissages sont bien plus productifs. C’est maintenant un rituel qui ne se discute plus les jours de vélo. Je n’en dirai pas autant les jours de pause ou de visite, qui cassent le rythme et les habitudes.

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Pour les futurs voyageurs au long cours, le détail de notre nécessaire d’apprentissage « light »:

Pour Albane, CP cette année, il s’agit de lui apprendre à lire et à compter. J’ai opté pour la méthode Boscher (syllabique): le livre unique et 3 cahiers d’activités: lecture, écriture, calcul. A cela j’ai rajouté une ardoise Véléda, un cahier d’écriture, un cahier de dessin, un livre de coloriage et des feutres et crayons de couleurs. Au début, j’avais choisi un autre fichier de math, mais rien ne vaut le Boscher et j’ai donc changé de méthode en cours de route. Après 4 mois d’utilisation, je suis contente de ce choix: Albane progresse bien, la méthode est facile à utiliser pour nous (parents non enseignants), et ça aussi, c’est important à prendre en considération. En une demie heure par jour, Albane utilise l’un ou l’autre des cahiers ou le livre. Sur l’ardoise ou sur le sable, nous faisons quelques dictées et sur le vélo des devinettes pour affuter son esprit déductif (je pense à quelque chose et elle doit le trouver, je ne peux répondre que par oui-non et vice-versa).

Pour Joseph, c’est le CM1. Aussi sur les conseils de sa maîtresse, nous faisons écrire 2-3 phrases à Joseph tous les jours . Ce petit exercice permet d’aborder avec lui la grammaire et l’orthographe simplement et aussi d’améliorer sa calligraphie. A cet exercice quotidien se rajoute la réalisation d’une opération. Voilà pour commencer. Ensuite, j’ai choisi (avec l’aide de ma maman, ancienne maîtresse) les livres d’activités de la Chouette en français et en math. Pour l’anglais, j’en ai choisi un autre, en fonction du poids!!! Et oui en vélo ça compte aussi! Ce sont les 3 matières que nous aborderons de façon formelle. Joseph est aussi incité à écrire des articles sur le blog, à lire sur la liseuse, qui contient pléthore de romans pour son âge. Chaque jour, il écrit, compte, lit et/ou fait une page d’un de ses livres d’activités au choix. Récemment, j’ai rajouté la dictée des mots invariables, qui se poursuivra avec la liste des mots issue de l’échelle Dubois-Buysse. Cela nous prend environ une petite heure. J’avais aussi mis des livres de français, math, anglais sur la tablette. Mais franchement, ce que j’ai trouvé n’est pas du tout performant et n’est pas très interactif et pour certains ne sont disponibles qu’en ligne… Il y a sûrement mieux, mais au final, c’est assez simple de sortir un cahier d’activités que l’on soit sur la plage, dans un jardin, dans une cantine… Joseph transporte aussi ses petites leçons de math et de français, 2 petits livrets réalisés en CE2, qui reprennent toutes les leçons. Au bout de 4 mois, nous avons trouvé notre rythme avec Joseph et l’ensemble nous paraît cohérent.

Pour Inès, entrée en 6ème. La 6ème est la fin du cycle de cm1 et cm2. Ce que Joseph découvre, Inès l’approfondit. J’ai obtenu, par le collège, la liste des livres de 6ème et les ai trouvés en livres numériques. Comme Joseph cela reste globalement assez décevant et Inès a du mal à se les approprier. Nous nous focaliserons aussi sur le français, les maths et l’anglais. En math, ce sera Sésamath, ressource libre et gratuite, le livre est sur la tablette et le cahier d’exercice dans la sacoche. En plus les corrigés sont accessibles facilement. C’est très bien fait, une petite leçon sur la tablette et des exercices. Inès aime bien l’utiliser. A cela s’ajoute l’opération quotidienne! En français, Inès a aussi comme objectif d’écrire sur le blog + ses 2-3 phrases par jour. Elle transporte également le livre d’activité « la grammaire par les exercices » de Bordas. Chaque double page comporte une leçon et des exercices. Le seul problème, lorsque l’on prend les ressources utilisées par les professeurs, c’est qu’il n’est pas toujours facile d’obtenir le cahier du maître, qui outre les corrigés, comporte les dictées. En français, Inès a aussi un livre numérique, qu’elle n’a pas vraiment utilisé jusqu’à présent. En anglais, elle travaille avec Hi There, le workbook dans la sacoche et un bon livre numérique interactif sur la tablette. Mais surtout, elle apprend en chemin, avec toutes les personnes que nous rencontrons et avec qui nous communiquons en anglais. Chaque jour, elle réalise des exercices dans l’une des 3 matières au choix. Comme Joseph, cela dure environ 1 heure. Mais nous sommes encore en phase de tâtonnement et je n’ai pas l’impression d’avoir trouvé les ressources qui convenaient le mieux à Inès. A Noël, Inès a reçu une tablette tactile et nous a demandé d’y mettre l’application « Itouch » dans les 3 matières (très bonne appli. utilisée à l’école). Nous allons donc l’essayer. Car ce ne sont pas les ressources qui manquent, mais parfois la motivation…

Et pour les parents?

Ce n’est pas toujours facile, cela demande de la patience et de l’enthousiasme pour motiver nos enfants dans leurs apprentissages. Ils ont besoin de se sentir encouragés dans leurs activités. Nous devons nous positionner plutôt comme des coachs que comme des enseignants, afin de les rendre acteurs de leurs apprentissages. Nous avons comme objectif de donner du sens à l’ensemble, et pour ça nous essayons de saisir toutes les opportunités qui se présentent à nous. La dernière en date: Aller dans une école thaï pour participer à un cours d’anglais avec notre hôte canadien, professeur d’anglais!

Et le summum pour nous, c’est lorsqu’ils étudient ensemble ! Ici Joseph apprend à lire à Albane.