Ce qui compte… ne se compte pas

Et si vous vous offriez du temps à Noël?

Voilà un bel article rédigé par Frédéric, un entrepreneur français basé à Istanbul. Découvrant notre périple, il nous a adressé ce billet. Cela correspond tellement à notre état d’esprit que je suis heureux de la partager avec vous.

Voici l’article sur son blog :

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Cette fois-ci, c’est Frédéric, mon mari, qui prend la plume sur ce blog. Il a fondé sa société en 2004, alors qu’il vivait à Istanbul. Il vous explique comment il a donné plus de sens à son travail tout en privilégiant sa vie familiale. Bref, comment concilier sa vie personnelle, son travail et ses convictions écologiques…

En parallèle de mes activités professionnelles, j’ai la chance d’intervenir assez régulièrement via l’association 100.000 entrepreneurs dans des lycées et collèges sur l’entrepreneuriat et donc la prise de risque. C’est un exercice de style toujours intéressant car via cette intervention courte d’une heure devant une vingtaine d’élèves, je suis souvent amené à me poser des questions sur mes propres pratiques et le sens de mes actions / décisions.

Parfois les questions fusent : Pourquoi être parti à l’étranger ? Est-ce difficile ? Et si c’était à refaire ? … ou Combien vous gagnez ?  Cette dernière question d’apparence  « bâteau » et personnelle m’a en fait emmené beaucoup plus loin que quelques chiffres… Je m’explique : en fait, je me suis rendu compte que ce qui se comptait ne comptait pas tant ! En effet, à quoi sert de gagner une fortune si on ne peut pas en profiter ou utiliser ce fabuleux moyen qu’est l’argent pour des causes utiles ?

Pour la grande majorité d’entre-nous, utile signifie céder naturellement aux sirènes de la (sur)consommation, s’équiper du dernier modèle de 4×4 ou voyager au bout du monde pour “découvrir“ de nouvelles cultures, dans un club de vacances aseptisé et climatisé… Je partageais il y a encore peu ces “valeurs“, je suis aujourd’hui plus proche de celles de Pierre Rabhi et de sa sobriété heureuse .

Je considère aujourd’hui gagner très bien ma vie (même si c’est finalement peu comparé à la plupart de mes collégues chefs d’entreprises) car j’ai intégré une chose fondamentale : ce qui se compte ne compte pas ! Comme l’avait très justement expliqué Bronnie Ware, infirmière australienne qui, dans son livre magnifique et fort instructif  “Les 5 principaux regrets des mourants » , affirme que le 1er des regrets des patients à l’approche de la mort est : j’aurais aimé vivre ma vie à ma guise sans me conformer à ce que l’on attendais de moi, suivi de : j’aurais aimé travailler moins dur.  J’ai donc fait le choix, quitte à travailler moins et donc gagner moins,  de consacrer du temps à ce que je voulais vraiment faire.

Très concerné par le changement climatique, j’ai par exemple crée Natreeve afin d’inciter les entreprises à planter des forêts sur leurs terrains pour le bien être de leurs salariés et ainsi favoriser la biodiversité. Je contribue aussi à la protection des espèces en voie de disparition via l’ASPAS ou via 1% for the planet. De même, j’ai choisi d’être très présent pour mes enfants et consacrer du temps à ma famille. Pour formuler simplement cette idée, je dirais que j’ai cessé  de croire au fameux «travailler plus pour gagner plus» afin d’opter pour le «travailler mieux pour vivre plus» ! Le business as usual  (ou plutôt as before) a vécu !

J’ai bien conscience que ce parti pris est un vrai petit luxe de nos jours et spécifiquement actuellement avec une France qui compte plus de 5 millions de chômeurs dont 500 nouveaux tous les jours  ! Faire ces choix à mon âge est je l’avoue plus aisé après avoir “trimé“ plus de 25 ans pour me permettre aujourd’hui de choisir ce nouveau paradigme, bien éloigné de ce que j’ai cru toute ma vie : la réussite c’est gagner et travailler beaucoup ! Perdre sa vie à la gagner n’est donc pas une fatalité…

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La preuve en est que pas mal de mes amis, dirigeants comme moi d’entreprises (beaucoup plus importantes que la mienne) ont aussi  pris ce virage : Atemia, ForestFinance, Aubrac Investissements ou encore Utopies sont des beaux exemples de créateurs qui, sans compter leurs heures de travail, ont su se consacrer et s’épanouir dans d’autres activités ou causes environnementales. Certains ont fait d’ailleurs le même choix que nous : ils sont partis se mettre au vert dans les 2 sens du terme (à la campagne loin de la tyrannie et surenchère du « toujours plus »). Gardez donc toujours en mémoire ces mots lumineux de cet illustre inconnu, Sven Lindqvist, auteur du livre Exterminez toutes ces brutes  (que je vous recommande chaudement d’ailleurs) :

« Vous en savez déjà suffisamment. Moi aussi. Ce ne sont pas les informations qui nous font défaut. Ce qui nous manque, c’est le courage de comprendre ce que nous savons et d’en tirer toutes les conséquences. »

Alea jacta est !*

*Le sort en est jeté

Vous pouvez aussi voir l’article en cliquant sur le lien  http://www.savethegreen.fr/2015/05/04/ce-qui-compte-ne-se-compte-pas/