25 Avr 2018 9 Comments
Panama : des hauts et un bas !
Carthagène , Colombie, 22 avril 2018
Quand nous arrivons au Panama le 2 avril, cela fait déjà plus de 2 semaines que nous roulons tous les jours et nous avons dans l’idée de nous offrir une pause « plongée » au Panama. Nous n’avons pas beaucoup de temps avant d’embarquer sur un voilier le 15 avril en direction de la Colombie.
Notre programme est donc assez simple : suivre la Panaméricaine jusqu’à la capitale Panama puis traverser l’Isthme du Panama en allant voir le fameux canal, 2 jours de plongée dans la mer Caraïbe du côté de Portobelo et hop nous embarquerons sur un voilier pour 5 jours de traversée vers Carthagène (Colombie) dont 3 à découvrir l’archipel des San Blas.
La température est toujours aussi élevée et le soleil ne cesse de nous poignarder de ses rayons mais il semble que les corps s’habituent un peu et nous enchainons les journées de 70 – 80 km en ce moment.
Nos journées sont ponctuées par des pauses à l’ombre dès qu’on en trouve, des achats de noix de coco fraîches et des arrêts dans les petits supermarchés de bord de route pour se ravitailler en eau et en calorie. Ici (et ce depuis le Costa Rica) absolument TOUS les supermarchés où nous sommes allés sont tenus par des Chinois, c’est un véritable monopole.
Les habitants semblent beaucoup plus expansifs et curieux qu’au Costa Rica. Nous sommes très souvent salués, arrêtés, questionnés. Cela nous permet d’améliorer nos capacités grandissantes en espagnol !
Le soir les accueils sont toujours très sympathiques. Nous passerons notre première nuit dans la ville de David, accueillis par le père Ismaël. Ce soir-là, les paroissiens de la Sagrada Familia fêtent les 80 ans de son confrère et nous serons invités à partager un bon repas avant de nous installer dans une salle climatisée pour passer la nuit. Le lendemain Ismaël, nous offre le petit déjeuner avant de nous laisser reprendre notre route. Le soir suivant nous retrouvons avec plaisir un accueil chez les bomberos. Les pompiers du Costa Rica étaient moins accueillants qu’au Salvador ou au Nicaragua. Ceux du Panama nous ouvrent à nouveau et très gentiment les portes de leurs casernes. C’est une chance pour les cyclos que de pouvoir trouver des points de chute où installer leur bivouac et ainsi bénéficier de quelques commodités de base pour faire un brin de toilette notamment. Nous aurons aussi la chance d’être accueillis par Ericka et son mari, missionnaires évangélistes et membres de notre réseau favoris : Warmshowers. Un autre soir c’est Polo, un pêcheur retraité qui nous autorise à planter la tente sur le sable devant sa maisonnette au bord du Pacifique.
Un midi, alors que nous pique-niquons à l’ombre d’un pont, nous apercevons la silhouette de 2 cyclos qui viennent vers nous. Les enfants ne mettront pas longtemps à les reconnaître : c’est Oswaldo et Adam, avec qui nous avons déjà partagé quelques jours de route au Costa Rica (Cf. article « 15ans ») . Mais que diable font-ils derrière nous alors qu’ils devraient être loin devant ? Adam nous expliquera qu’il s’est fait refuser l’entrée au Panama par un garde-frontière qui trouvait que son passeport n’était pas en assez bon état ! Ils ont donc fait 3 jours de détours pour réussir à passer par une autre frontière avec un officier plus raisonnable. Finalement Adam et Oswaldo semblent très contents de nous retrouver et pour fêter ces retrouvailles nous avalerons une journée monstre de plus de 90 km et près de 1700 m de dénivelés positifs ! Encore 2 jours ensemble et nos amis fileront en stop pour attraper à temps leur avion à Panama.
Nous aurons aussi l’occasion de recroiser Nathalie et Michel que nous avions vu au Salvador (cf. article El Salvador) ; puis, à Panama, nous passerons par hasard devant le camping-car de la famille Deb’s que nous avions déjà vu au Mexique (cf. article plutôt 2 fois qu’une). Nous rencontrerons aussi Freech, un cyclo Allemand en route pour le Chili et qui fera quelques tours de roues avec nous dans la belle capitale de Panama.
Bien sûr, nous ne pouvions pas être au Panama sans visiter le fameux canal. C’est à l’écluse de Miraflores que nous découvrirons cet ouvrage hors-norme et son histoire. Le passage d’un porte-container à travers le jeu d’écluses constituant le clou du spectacle évidemment !
Après cette belle visite nous sommes accueillis par Bolivia, une paroissienne de la Santa Cruz dans la petite ville de Chilibre. Elle s’est portée volontaire pour accueillir des jeunes du monde entier quand il y aura les Journées Mondiales de la Jeunesse l’année prochaine. Elle est très heureuse de faire une avant-première avec nous. Nous passerons une soirée très sympathique avec sa famille et notamment 2 petites filles très volubiles.
Le lendemain, après un bon petit dej fait de bananes plantains frites et de crème de maizena, nous repartons pour rejoindre Portobelo, où nous avons prévu 2 jours de plongée. Mais notre périple nous aura réservé un autre genre d’activité : C’est un petit cours de self-défense qui nous attend ! Juste après la ville de Sabanitas, trois bandits armés de couteaux nous sautent dessus et nous dérobent 2 sacoches. Nous vous avons déjà raconté cela ici. Alors passons sur les 2 jours de galère qui ont suivis et qui nous auront permis de retrouver nos passeports. Nous voilà donc en mesure d’embarquer comme prévu sur le « Sovereign Grace » le 15 avril.
Après un saut en pick-up pour ne pas avoir à repasser à vélo sur le lieu du crime, nous sommes accueillis dans une marina tenue par un couple de Français dont la femme, Sylvie est aussi Consule Honoraire de France. Ambiance vieux loup de mer autour des bateaux à l’entretien. Sylvie nous prêtera 3 kayaks pour que nous puissions aller à la découverte de la baie. Nous passons un bel après-midi de bonheur à pagayer sous un tunnel de mangrove et à se baigner dans des eaux cristallines. Merci Sylvie pour ces moments particulièrement bons après ce que nous avons subi.
Une nuit de bivouac dans l’environnement sonore de la jungle et c’est le jour J pour le voilier.
Un paresseux sur un fil électrique nous offre un dernier souvenir magique du Panama et nous voilà arrivés sur le quai.
La suite du périple sera maritime.
Affaire à suivre…
Les Cham à vélo
Vous avez tout lu jusqu’ici. Bravo ! alors à vous les photos !
01 Mai 2018 20 Comments
L’archipel des San Blas : après l’enfer, le paradis !
Medellin, Colombie, 04 mai 2018
Dimanche 15 avril, nous sommes au Panama dans le petit village de Puerto Lindo sur le quai de Linton bay marina. Nous arrimons les vélos sur le voilier Sovereign Grace et sommes prêts à embarquer en direction de la Colombie. Nous voilà arrivés à la fin de notre route en Amérique Centrale. Impossible de continuer par la terre vers l’Amérique du Sud. En effet, bien que le Panama soit frontalier de la Colombie, la zone de jungle qui les relie n’est parcourue par aucune route. Et surtout la région de Darien est le lieu d’un vaste trafic de drogues, de guérillas et milices locales qui échappent plus ou moins complétement à l’autorité des 2 pays. Bref, pour rallier la Colombie depuis le Panama, c’est par les airs ou par la mer !
N’ayant pas plus d’appétit pour le trafic aérien que pour le trafic de drogue, nous avons assez rapidement opté pour une traversée en voilier de la mer des Caraïbes. Il faut dire que le trajet passe à travers la multitude des petites îles de l’archipel des San Blas et que les photos et récits que nous avons eus à leur sujet étaient assez enthousiasmants.
Nous voilà donc partis pour 5 jours sur un grand voilier avec une vingtaine d’autres jeunes backpackers et un équipage de 4 personnes. C’est la première fois que James, le capitaine californien, embarque une famille. A la fin du périple il avouera qu’il était un peu inquiet quant à la facilité de cohabitation entre une « gentille petite famille française » et une « horde de jeunes » ayant bien pris soin chacun d’emporter autant de bières et rhum que possible pour faire la fête pendant 5 jours. Mais tout le monde a su s’adapter et le fait que nous ayons bénéficié d’une grande cabine rien que pour nous a grandement facilité les choses. Les jeunes voyageurs venaient du Canada, d’Allemagne, de Suisse, d’Australie, d’Angleterre, d’Irlande, des USA et du Guatemala. Avec les trois autres membres de l’équipage: Luke de Long Island, Wilson le Néo-Zélandais et Rodrigo, l’Argentin, il y avait un sacré mix de nationalités. Et pourtant, ils avaient tous plus ou moins le même profil. Le voyage en mode Backpacker/Lonely Planet a une furieuse tendance à lisser les différences. Sur le bateau nous retrouvons aussi Freech, le cyclo allemand que nous avions croisé à Panama. Il s’est décidé au dernier moment pour la voie maritime et se retrouve avec nous. Bien content de pouvoir échanger un peu avec nous car, lui comme nous, ressentons clairement un décalage entre nos attentes de cette croisière et celles de l’échantillon de jeunesse occidentale présent à bord. Les bières s’enchaineront les unes après les autres ou après les verres de rhum. Certains réveils seront visiblement douloureux pour quelques jeunes apprentis marins. Des tentatives de rapprochement inter cul-turelles seront plus ou moins couronnées de succès. Mais l’ambiance sera toujours très respectueuse les uns des autres et nous bénéficierons d’une attention bienveillante du plus grand nombre. Notre mode de voyage et notre dernière petite histoire d’attaque à mains armées nous faisant clairement passer dans la catégorie d’aventuriers aguerris.
Dès le départ de la marina, la mer annonce la couleur. La houle de trois-quarts met presque tout le monde sur un même pied (pas marin) d’égalité. Les plus solides réussiront à passer l’épreuve sans rien évacuer par dessus bord. Les autres, dont certains d’entre nous, auront l’immense honneur d’apporter un peu de nouveauté dans la chaîne alimentaire marine. L’arrivée au mouillage dans les eaux ultra calmes des premières îles des San Blas est une bénédiction pour tout le monde. Il fait nuit, nous nous endormons bien vite, sous un magnifique ciel étoilé et bercés par une houle toute douce.
Au réveil, nous découvrons des petits ilots couverts de cocotiers couvrant quelques habitations. Quelques Kunas (l’ethnie qui peuple les San Blas) naviguent en pirogue et en tenue traditionnelle pour les femmes.
Le capitaine part effectuer les formalités de sortie du Panama sur une des îles. Il revient quelques temps après pour me dire que le chef du poste frontière veut voir toute la famille et souhaite les actes de naissances des enfants… Encore un qui fait preuve d’un zèle excessif ! Par chance (et prévoyance) nous avons les copies des certificats dans l’ordinateur. Nous visiterons donc une île de plus que prévue pour saluer l’officier, lui montrer nos jolies frimousses, décoder pour lui les certificats sur l’écran de l’ordinateur et le voir complètement rassuré quand il entendra Albane nous appeler Papa et Mama ! Il justifiera son exigence par le fait qu’il y a, semble-t-il, beaucoup de traite humaine et de trafic d’enfants dans le coin. Il paraît que les organes se vendent
chairchers par ici!Les deux jours suivants se passeront à naviguer agréablement d’îles paradisiaques en îlots paradisiaques, à faire du snorkeling sur les petits récifs qui entourent presque chaque île et à faire des concours de plongeon depuis le pont du bateau. La mer est tellement chaude et le soleil si brûlant que nous passons des heures dans l’eau. Nous aurons aussi l’occasion de discuter avec 2 ou 3 familles kunas pour mieux comprendre leur mode de vie. Nous percevons que Les Kunas vivent essentiellement de la pêche, de la récolte de cocos, du tourisme et aussi évidemment des revenus de ceux qui sont allés travailler sur le continent. La famille que nous avons rencontrée troque régulièrement cocos et produits de la mer contre du riz et du sucre apporté par des bateaux colombiens. Ils vivent quelques mois par an sur ces petites îles à plusieurs familles. Les enfants allant à l’école en pirogue pour y apprendre l’espagnol. Bien que les îles soient toutes petites, parfois moins de 40 m de large, les Kunas creusent des puits où ils trouvent de l’eau douce pour se laver et nettoyer le linge. L’eau potable est apportée en bidon depuis le continent.
Géraldine profite d’une soirée déguisée pour suggérer de me grimer en bandit de grand chemin, histoire d’exorciser notre mauvaise aventure et de réussir à rire de nos souvenirs encore assez douloureux. Excellente idée ! Une cagoule, une casquette, un short baggy et un grand couteau plus tard et nous pouvons rejouer la scène autant de fois que nécessaire.
Sur ces deux jours, les enfants nous auront épatés par leur appropriation de la mer. Nous aurons plusieurs fois nagé sur quelques centaines de mètres entre le mouillage du voilier et les plages des îles sans aucune appréhension, ni difficultés physiques de leur part. Joseph semble même avoir plutôt bien le pied marin.
Après trois jours au paradis, nous levons l’ancre en soirée et mettons cap sur Carthagène. La mer n’est pas particulièrement méchante mais la houle est bien présente. Les organismes sont déjà un peu adaptés néanmoins il faut rester vigilant pour ne pas être trop vaseux. Chacun a sa position et place favorite sur le bateau pour garder la tête fraiche et passer le temps.
Un jour et encore une nuit de navigation plus tard et nous arrivons au petit matin dans le port de Carthagène. La vue de la terre ferme est accueillie avec bonheur (et soulagement) par beaucoup. Le voilier mouille dans la baie. Nous transbordons nos vélos sur une lancha et nous revoilà sur la terre ferme et les selles de nos vélos.
Colombie nous voilà !
Les Cham à vélo
by leschamavelo in --> des parents, 12 - au Panama, au fil du périple 2017-18, tous les articles