19 Mai 2018 5 Comments
La Colombie entre amis
Medellin, Colombie, 6 mai 2018
Au fur et à mesure que nous nous éloignons de la côte caribéenne, les journées sont plus grises et pluvieuses. Nous sommes heureux de trouver un refuge au sec pour 2 jours dans la maison de campagne de Kevin (Warmshowers). Nous profitons de cette pause pour fêter l’anniversaire de Géraldine. Sur place, il y a déjà Georgina et Christopher, un couple de cyclos espagnols qui prennent aussi quelques jours de repos. Chouette nous allons pouvoir partager le gros gâteau bien local acheté à la « pasteleria » !
Nous repartons tous les 7 sur une route de plus en plus vallonnée. Les paysages font un peu penser à l’Auvergne. C’est très vert et il y a beaucoup d’élevages bovins extensifs. Nos nouveaux compagnons de voyage ont pour objectif de rallier la ville de Planeta Rica à 100 km. Réussirons nous le pari de les suivre? Sur leur tandem ils ont un bon rythme, mais nous sommes toujours très motivés quand il s’agit de partager un bout de route. En fin d’après-midi nous arrivons à destination et rencontrons Nelson. Georgina et Christopher ont déjà roulé avec lui et c’est tout naturellement qu’il se joint à nous.
Nelson est Colombien. Un peu sur un coup de tête, il a décidé de partir à la découverte de son pays. Il voyage sur un vélo cargo avec une seule vitesse. Son barda est contenu dans des sacs de sports rapiécés et il subvient à ses besoins en sollicitant ses compatriotes ou en faisant des petits boulots en cours de route. Les prochains jours, il sera tout naturellement notre invité. Quand y’en a pour 5 …
Dorénavant, nous ne sommes donc plus 5, ni 7, mais bien 8 à nous présenter chez les pompiers et à chaque fois nous serons accueillis avec beaucoup de gentillesse. Nos amis étendent facilement leurs hamacs entre des poteaux quand nous devons trouver des solutions pour « planter » la tente sur les sols bétonnés que l’on met régulièrement à notre disposition. Nous n’envisageons même pas d’installer la deuxième tente. Nous arrivons encore à tenir tous les 5 dans la tente pour 4 mais les enfants grandissants irrémédiablement, il y a de moins en moins d’espace libre et la température grimpe vite.
La route qui nous emmène vers Medellin, longe l’impressionnante rivière Cauca. Large, boueuse, potentiellement dangereuse, elle ressemble beaucoup aux images que nous connaissons de l’Amazonie. Dernièrement, elle a arraché une partie de la route que nous empruntons mais il reste suffisamment d’asphalte pour nous ! Ici encore, les paysages sont superbes. À 8, notre peloton s’étire: certains partent en avant, d’autres cueillent des cocos ou s’arrêtent pour réparer un rayon cassé sur le tandem Pino (ça c’est nous !). Finalement nous nous retrouvons tous dans un petit resto où nous serons invités à bivouaquer. La ville de Taraza, à 5 km de là, a été très récemment le lieu d’affrontements entre groupes de narcotrafiquants et nous avons eu des mises en garde à plusieurs reprises. Nous verrons d’ailleurs une quantité impressionnante de policiers équipés comme des commandos. Nous profitons de cette arrêt au resto pour approfondir nos connaissances sur la cuisine locale. La spécialité de la région d’Antioquia c’est la bandeja de paisa: riz, haricots rouges, plantain, avocat, œuf, chorizo (sorte de saucisse non piquante) et viande. Le tout accompagné d’un arepa. L’arepa c’est une galette épaisse de maïs, que l’on trouvait déjà au Panama. Efficace pour recharger un cycliste affamé.
Le lendemain nous arrivons à Taraza. Nous savons que sur les 125 prochains kilomètres plus de 85 sont une interminable montée avec des pentes cruelles. Par ailleurs la situation locale nous invite à ne pas trop traîner dans le coin. Nous décidons donc assez facilement de trouver un transport pour sortir de cette zone et nous éviter 2-3 jours de galère. Comme les bus ne passent plus à cause de l’effondrement de la route, nous partons en quête d’un véhicule privé. C’est toujours toute une épopée pour trouver le véhicule à la bonne taille et au bon prix. Une heure plus tard, youpi, nous avons trouvé! Quand la camionnette bâchée se met en marche et avance en première ou seconde entre 8 et 25 km/h, nous déchantons immédiatement. Le moteur hurle et finit évidemment par tomber en rade. Étonnement nos chauffeurs se débrouillent pour trouver de l’huile et un mécano qui débloque la boite de vitesse. Nous repartons donc à l’assaut de la montagne. À la vitesse où nous roulons nous aurons le temps d’observer la magnifique végétation qui borde la route mais pas de grimper jusqu’à notre objectif. En 7h30 nous avons parcouru à peine 90 km. Nous atteignons laborieusement la ville de Yarumal en fin d’après-midi et nous décidons de nous en tenir là. Nous terminerons de grimper la montagne à vélo. Nous sommes sortis de la zone « à risque » c’est l’essentiel.
A 2300 m d’altitude les paysages ont bien changé : de grandes prairies avec des vaches laitières, des pins. On se croirait dans les Alpes. Il fait aussi bien frais. Nous avons perdu 20ºc d’un coup. Par chance nous sommes accueillis comme des rois au séminaire missionnaire de la ville. 3 chambres avec des lits, douche chaude et cuisine à disposition. Quel bonheur! Plus qu’un lieu pour dormir c’est un véritable accueil que nous recevons de la part des pères. Le lendemain, nous bénéficierons même d’une messe rien que pour nous avant le petit-déjeuner et notre départ .
A peine sortis de Yarumal, nous rencontrons Charlie et Benjamin, 2 jeunes cyclos français bien détendus avec qui nous grimpons jusqu’au sommet. Ça monte bien, mais la route est agréable, les paysages magnifiques, le soleil est là, la circulation faible et surtout il règne une chouette ambiance dans le peloton. Nous roulerons ensemble 2 jours jusqu’à l’entrée de Medellin. Après une longue et belle descente de 15 km, nous avalons les 30 km de zone urbaine et industrielle nécessaire pour arriver au cœur de la deuxième ville du pays. Sur la voie rapide que nous empruntons, Martin nous escorte avec sa moto pendant 8 km jusqu’à la piste cyclable. Il représente assez bien l’état d’esprit de ses compatriotes. Toujours prêts à rendre service !
Nous voilà à Medellin, hébergés dans une maison étudiante grâce à la gentillesse d’Alejandro, étudiant en médecine et membre du réseau Warmshowers.
Les rencontres que nous faisons sont l’essence même de notre voyage. Elles permettent de remettre en cause nos à prioris, de développer notre tolérance. Elles nous ouvrent les yeux sur d’autres idées, d’autres modes de vies. Elles nous font grandir. Partager quelques moments de vies avec toutes les personnes que nous rencontrons est une vraie chance pour nous et nos enfants. Cela leur permet d’élargir l’éventail de leurs poissibilités. C’est ainsi que dernièrement, Albane, du haut de ses 8 ans, nous a déclaré être végétarienne, alors que nous, ses parents, ne le sommes pas!
Dans les prochains articles vous saurez tout sur les célébrités de la ville: Fernando Botero et Pablo Escobar. A chacun son style !
Les Cham à vélo
Pierre Brugidou
23 mai 2018 @ 22 h 08 min
Bravo pour l’élargissement de votre convoi de cyclistes le temps de ces quelques jours ! A plusieurs on va plus loin…
Myriam
20 mai 2018 @ 8 h 13 min
Quelles sont belles toutes ces rencontres, un capital humain inestimable. Amitiés normandes
leschamavelo
21 mai 2018 @ 1 h 04 min
Salut Myriam,
Merci pour ton message.
Avec toute notre amitié
Irène et Joël, Cyclomigrateurs
20 mai 2018 @ 1 h 11 min
ça laisse rêveurs…
leschamavelo
21 mai 2018 @ 1 h 03 min
Faire rêver les cyclomigrateurs, ça c’est la classe !✌️