Au pays des volcans

Taxisco, Guatemala, 4 mars 2018

Dimanche 18 février c’est un joli peloton de 9 cyclos qui quitte San Cristobal de las Casas. Après une quinzaine de kilomètres, Frédérique et Yves (cf. ce post et celui-là) nous quittent une nouvelle fois. Ils poursuivent leur route vers Palenque. Nous continuons avec Océanie et David (cf. ce post) en direction du Guatemala. C’est vraiment sympa de voyager avec d’autres cyclos. Ça nous fait beaucoup de bien à tous et les enfants sont toujours très bavards avec nos nouveaux amis. C’est très instructif de les entendre raconter leur voyage avec d’autres cyclos.

Sur la route une voiture roule quelques instants à nos côtés. La vitre descend et le conducteur nous lance un

 » Hé je vous ai déjà vus avec vos vélos ! »

Oui nous ne passons pas inaperçus, nous avons l’habitude qu’on nous reconnaisse

 » Oui, je vous ai déjà vus à Santa Monica en Californie, il y a 2 mois ! »

Alors là, OK ! C’est la première fois que ça nous arrive ! Quand on vous dit que le monde est petit …

Après 2 jours de routes et des bivouacs sous le préau d’une église le premier soir et à côté d’une famille de paysans le deuxième soir, nous arrivons en vue du Guatemala.

Nous avions quitté sa partie septentrionale sous des trombes d’eau le 29 janvier, nous y entrons à nouveau plus au sud et sous un soleil de plomb. Nous savions que nous allions arriver dans une zone très montagneuse. C’est un véritable mur de montagnes qui nous fait face. Les dénivelés sont costauds et l’inclinaison des routes est parfois redoutable. Par ailleurs le temps presse pour nous. En effet, nous avons réservé un bateau le 25 mars pour nous transporter entre le Panama et la Colombie. Et nous sommes encore loin du fameux canal… Nous décidons alors de nous éviter les côtes trop douloureuses en faisant un mix vélo et pick-up sur les prochains jours. Notre rythme « accéléré » nous amène à devancer Océanie et David. Nous passerons notre première nuit au Guatemala à Huehuetenango après quelques belles côtes durement grimpées à vélos et bien d’autres facilement avalées sur le plateau d’un 4×4. Arrivés de nuit, nous sommes accueillis par Misael, un jeune photographe guatémaltèque qui aura à cœur de nous faire découvrir la cuisine locale sur la magnifique place principale de la ville. Au menu : Paché (papillote de purée de pomme de terre au poulet) pour le plus grand plaisir d’Albane et Buñuelos (beignet chaud arrosé de miel). Délicieux!

Le lendemain, la route continue au milieu des montagnes. Avec l’altitude, les plantations de café laissent la place aux pins. Même avec un beau soleil, l’air reste bien frais. Ce qui nous avait déjà marqué lors de notre premier passage au Guatemala ce sont les tenues traditionnelles portées par les guatémaltèques. Chaque groupe maya a sa propre tenue et toutes sont très colorées. C’est un festival à chaque coin de rue. Un peu à regret, un peu soulagés de nous éviter des côtes démoniaques, nous continuons notre course contre la montre. Après 42 km à vélo et aidés par un pick-up nous arrivons dans l’après-midi à San Cristobal de Totonicapan chez Carl, notre hôte Warmshowers. Ce soir, Albane se plaint de maux de ventre. Ils s’accentuent dans la soirée et deviendront un vrai cauchemar toute la nuit. Nous vous passons les détails. A ce moment là nous savons que nous n’irons pas plus loin demain. Carl nous a aussi proposé plein de choses à faire ensemble. Vraiment ça nous saoule de devoir précipiter notre périple. Cette date de bateau pour la Colombie nous oblige à courir. C’est tout le contraire de ce que nous souhaitons pour ce voyage. Nous devons revoir nos plans. Par chance, nous arrivons à faire repousser la date de départ du bateau au 15 avril. Nous aurons moins de temps en Amérique du Sud mais nous adapterons nos ambitions à ce moment-là. Nous reprenons la main sur le temps, notre plus grand luxe.

Nous pouvons donc profiter pleinement de l’accueil de Carl; passer plus de temps avec Reto, un Suisse installé au Guatemala depuis 3 ans ; rencontrer Anna et Adrien, un couple argentino-français qui a fait du voyage son mode de vie; retrouver Océanie et David qui nous rattrapent un jour plus tard et partager de bien intéressantes discussions tous ensemble. Maintenant que nous avons le temps, nous pouvons :

1- assister à la fête d’anniversaire des 1 an du neveu de Carl: spectacle de clown, piñata, gros gâteau d’anniversaire et burger pour clôturer la journée

2- apprendre à faire des bracelets en perles grâce aux talents d’Anna et Adrien

3- gravir le volcan Zunil avec nos amis et guidés de main de maître par Carl: levé à 3h30 avec Inès et Joseph, départ du trek à la frontale à 5h pour 1000m de dénivelé positif !!! Un rythme costaud pour une première, mais une baignade dans des sources d’eau chaude au retour et tout le monde est aux anges !

Après 3 jours, nous reprenons la route plus tranquillement et toujours en compagnie d’Océanie et David. Nous rejoignons le lac Atitlan après une grosse journée de 65 km et plus de 1500m de dénivelés positifs. La montagne est dure et les côtes, nous forcent parfois à mettre pied à terre pour pousser nos montures. Depuis leurs champs à flanc de montagne, les guatémaltèques applaudissent notre convoi, mais c’est eux qui mériteraient que nous les applaudissions quand on voit les conditions dans lesquelles ils arrivent à faire pousser leurs légumes. Les paysages sont incroyables avec les cultures maraîchères en terrasses. Aujourd’hui, c’est dimanche: les personnes que nous croisons dans les villages sont particulièrement bien apprêtées, de la musique sort des églises, des maisons. Une vraie belle journée de voyage.

Arrivée sur le lac enserré entre les volcans, nous posons les vélos et partons pour une journée en lancha (bateau) à la découverte des villages qui bordent cette étendue d’eau. Sur le lac peu de pêcheurs, mais à plusieurs reprises nous observons des hommes qui sortent des algues de l’eau. Mais pour quoi faire ? Pour les manger? Pour faire de l’engrais pour leurs champs? Le lac Atitlan est un lac endoréique, c’est à dire qui a pris place dans l’effondrement d’une chambre magmatique il y a 85 000 ans. Depuis le niveau de l’eau baisse ou monte au gré des tremblements de terre qui ouvrent ou bouchent des failles sous les eaux. Aucun exutoire possible pour le lac qui se remplit des eaux d’écoulement des nombreuses cultures alentours, chargées d’engrais et de pesticides et des eaux usées des villages qui le bordent. Bref, nous sommes en pleine eutrophisation, les poissons se font rares, l’eau du lac autrefois si transparente est maintenant trouble. Les pêcheurs essayent donc de limiter la prolifération des algues qui envahissent le lac et tuent la vie aquatique. Nous avons la réponse à notre question.

Pour s’extraire du lac la route est une torture pour cyclistes. Nous ne nous posons même pas la question de la faire à vélo. Grand bien nous a pris car la route envisagée est en rénovation et nous voyons notre « taxi pick-up » emprunter un détour avec des pentes qui font hurler son moteur. Nous préférons ce bruit mécanique à la douleur de nos mollets si nous étions sur nos selles. Après ce gros coup de pouce nous rallions en 50 km de vélo la superbe ville d’Antigua.

Les premiers pavés nous indiquent immédiatement que nous sommes arrivés dans la ville. Malgré l’inconfort de la chaussée pour nous pauvres cyclistes, nous tombons immédiatement sous le charme de cette ville avec une très belle architecture et les volcans en arrière plan. La ville est magnifique avec toutes ses couleurs, qui plus est de grandes draperies violettes sur les maisons annoncent les préparatifs pour la semaine sainte, où de grandes festivités sont prévues.

Après avoir longuement tergiversé sur la pertinence et la faisabilité de l’ascension du volcan Acatenango en famille, nous décidons de tenter de gravir ce sommet qui culmine à 3976m et offre une vue imprenable sur son volcan voisin en activité : le Fuego. Nous quittons Antigua au petit matin avec l’association de guides locaux Aprode. Nous allons vivre une magnifique expérience en famille, qu’Albane va vous raconter très prochainement…

Une journée de lavages, d’apprentissages, de rédaction d’articles et nous voilà prêts à quitter le Guatemala pour rejoindre le Salvador.

Nous dégringolons sur la côte Pacifique et, avec l’altitude qui baisse, nous ressentons physiquement les degrés Celsius s’accumuler les uns après les autres jusqu’à atteindre des 38-39°C sur notre route !

Une dernière nuit chez les bomberos (pompiers) de Taxisco et nous allons passer la frontière du Salvador demain.

Affaire à suivre …

PS: Saviez-vous que la cagnotte Leetchi, permet déjà de financer la formation d’un jeune pendant 2 ans grâce aux premiers donateurs ? Il reste encore 250 euros à trouver pour réussir à financer la 3ème année… Merci à ceux qui n’ont pas encore eu le temps de participer de nous aider à passer cette 3ème étape, il vous reste tout juste 3 semaines pour faire partie de l’aventure !

Si vous ne savez pas de quoi nous parlons, alors , hop, allez faire un tour sur cet article .

Les Cham à vélo